Maslenitsa sur la place Rouge

Crédits photo : Rouslan Soukhouchine

Crédits photo : Rouslan Soukhouchine

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-3°C, les flocons de neige virevoltent. Les grands froids de février sont bien passés et la Russie fête l’adieu à l’hiver et l’avènement du printemps. A Moscou, des milliers de gens affluent vers la place Rouge pour célébrer la grande fête folklorique de Maslenitsa.

Le festival Chirokaïa Maslenitsa se déroule en Russie depuis 2001 et prend de l’ampleur chaque année. « Il faut respecter les traditions, les connaître et les suivre. C’est la meilleure raison de se réunir en famille, avec ses proches, en venant participer à cette kermesse », considère Irina Roudenko, vice-présidente du Comité de tourisme et de l’hôtellerie de Moscou. Cette année, la capitale a accueilli près de 400 événements festifs. Les hauts lieux cette fête populaire sont le Parc Gorki et, bien sûr, la place Rouge, où depuis début décembre, une patinoire est installée face au centre commercial Goum.

« Cette année, notre objectif est que la Maslenitsa soit célébrée à travers tout le pays, pour montrer comment elle a progressé des régions jusqu’à Moscou », raconte Irina Roudenko. Pour celà, les organisateurs, le Comité du tourisme et de l’hôtellerie et la mairie de Moscou, ont eu l’idée de connecter le festival aux autres villes par radio et ont prévu un direct avec Londres qui célèbre également l’adieu à l’hiver russe. De plus, des ensembles folkloriques régionaux se produiront sur scène à Moscou.

Repères

Chirokaïa Maslenitsa est le plus gros festival de Russie. Il fait partie du catalogue officiel des fêtes et festivals internationaux.

La scène a été placée en plein sur la patinoire, et tout autour s’érigent des installations comme des balalaïkas de 4m ou une cuillère géante décorée de motifs traditionnels russes, et des stands proposant des crêpes et des souvenirs.

A la fête comme à la fête

« D’abord, ils dansent avec nous, puis ils repartent par là », explique  Iouri, danseur de l’ensemble cosaque Gouliaï doucha (L’âme en fête), en pointant son doigt vers la patinoire. Au son de l’accordéon, Iouri attrape un badaud distrait pour l’emmener avec lui dans la ronde.

Pourtant, la patinoire est quasiment déserte. Pas étonnant, vu le prix du billet : 1000 roubles (25 euros) par adulte et 200 (5 euros) par enfant. Pas donné pour une famille avec deux enfants. Mais selon la tradition, quand il s’agit de faire la fête, les Russes ne comptent pas.

Sur l’un des stands, du caviar à 34 000 roubles (850 euros) la boîte de 500 grammes. « Eh bien ! Et il y en a qui achètent ? » « Vous n’allez pas me croire !, répond Evgueni, le vendeur, en riant. En deux mois, il n’y a qu’une personne qui en a acheté. Un finlandais, je crois. »

Tout près, le commerce bat son plein : des pirojkis, des sucettes, des pains d’épices de Toula et, bien évidemment, des crêpes à profusion. Pour les accompagner, de la crème fraîche, de la confiture, du saumon. Et la vodka ? « Non ! On ne vend pas d’alcool ici», affirme le vendeur de pirojkis en versant une tasse de thé de son samovar.

Des réjouissances interactives

« Le Kremlin a décrêté, de cinq fois s’embrasser ! », chante une femme en costume folklorique avant de se jeter au cou d’un inconnu. Les animateurs s’efforcent au maximum de faire participer le public aux divertissements de la Chirokaïa Maslenitsa. Des rondes, des tchastouchkis (quatrains satiriques accompagnés par la balalaïka), des chants folkloriques, tout est bon pour amuser les visiteurs.

Posant ses paquets d’étrennes du Goum à terre, un homme distingué à l’écharpe bordeaux chante à l’unisson avec les solistes du chœur folklorique. Une jeune fille portant un foulard typiquement russe, mais qui a tout d’une touriste, danse sur un air d’accordéon. Elle est française !

« Vous dansez bien ! » « On est là pour ça ! », répond-elle alors que deux amies francophones la rejoignent. « Nous avons fait un stage de danse à Moscou et c’est notre dernière journée. Notre avion part dans trois heures ! »

Pendant ce temps, sur scène, un numéro incontournable des kermesses traditionnelles russes : des jongleurs, dont une jeune fille assez frêle, font tournoyer dans les airs des poids de un poud (ancienne unité de poids russe valant environ 16 kg).

Adieu, l’hiver !

Pour se séparer de l’hiver 2012 en bonne et dûe forme, dans les règles de la tradition slave, une effigie de paille est installée sur la place Rouge pour être immolée. Toutefois, personne n’osera mettre le feu à une si belle poupée, véritable objet d’art mêlant tradition et modernité fabriquée pour l’occasion par la fameuse scénographe et costumière Anna Nejnaïa.

Le soir, un feu de joie est allumé pour le grand bonheur des participants : « Adieu, l’hiver ! » La neige continue pourtant de fondre sur nos pommettes rougies par le froid. Les crêpes sont englouties, les chansons chantées. Demain commence le Grand carême orthodoxe : 40 jours de jeûne. Et puis, ce sera Pâques et de nouveau la fête !

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