Carine Roitfeld : « Je me sens très russe »

Crédits photo : Viktor Boiko/Centre d'art contemporain Garage

Crédits photo : Viktor Boiko/Centre d'art contemporain Garage

Le gratin moscovite a eu de quoi se mettre sous la dent, ce 29 octobre, au centre d'art contemporain Garage de Moscou. Un monstre de la mode lui est apparu : Carine Roitfeld, ex-rédactrice en chef du Vogue français et icône de la mode depuis près de trente ans. Trente années d'une vie palpitante sur laquelle la styliste « politically incorrect » revient en texte et en images avec son nouveau livre, le bien nommé « Irreverent ».

Crédits photo : Viktor Boiko/Centre d'art contemporain Garage

Scandaleuse, Carine Roitfeld ? Peut-être un brin. Mais pas froide,. Enfoncée dans un fauteuil à quelques mètres du bar du centre d'art contemporain Garage de Moscou, elle attend discrètement son heure. Venus l'acclamer à l'occasion de la présentation de son nouveau livre « Irreverent », quelques centaines d'invités triés sur le volet et endimanchés dans un certain goût ne l'ont pas même remarquée avant son ascension de l'estrade une heure plus tard. Visiblement trop heureuse de converser avec une Française, l'ex-rédactrice en chef du Vogue français ne se fait pas prier pour s'éloigner quelques minutes de ce brouhaha mondain avant l'ultime show.

Née de père ukrainien (Jacques Roitfeld, producteur de cinéma), Carine Roitfeld ne met jamais les pieds en Russie. Mais, peut-être à cause de ses liens indéfectibles avec son géniteur, elle se sent « très russe ». Ce n'est pas pour rien qu'elle choisit au début du mois d'octobre le restaurant Raspoutine à Paris pour fêter en grandes pompes le lancement de son livre. « La Russie, ça fait partie de moi, commente la muse de Tom Ford. Quant à Raspoutine, c'est quelqu'un qui m'a toujours profondément marquée dans l'Histoire de la Russie. Je suis très proche de mon père, ses bureaux étaient rue de Bassano, comme le restaurant Raspoutine. Lui-même y allait souvent… »

Irrévérencieusement chic

Pour son livre, qui ressemble à une biographie illustrée, mais « n'en est pas vraiment une », Carine Roitfeld a choisi un titre gentiment insolent. « Irreverent réunit trente années de travail et trente années d'une très belle vie, confie-t-elle. Pourquoi Irreverent ? Parce que j'ai toujours, à travers mes photos, été « politically incorrect » comme on dit. Mais je pense que c'est en même temps un mot très poétique, très féminin. Ça parle de quelqu'un qui évite les sentiers battus, qui dit ce qu'elle pense, mais d'une façon assez poétique et je l'espère assez chic. » L’ouvrage de 368 pages (dont 350 de photos), sorti le 18 octobre dernier et conçu par Olivier Zahm aux éditions Rizzoli, retrace sa longue carrière, depuis ses débuts de mannequin à cette année 2011 où la page de Vogue s'est tournée, en passant par des photos personnelles anotées de sa propre main et ses éditoriaux les plus marquants.

Pas de « Vogue blues »

Questionnée sur ses nouvelles activités depuis son départ de Vogue, en janvier dernier, Carine Roitfeld déroule évidemment une liste bien fournie. « Ça fait dix mois que je ne suis plus chez Vogue, j'y suis restée dix ans, résume-t-elle. C'est aussi une nouvelle liberté retrouvée pour moi. Je n'ai pas eu le temps d'avoir le Vogue blues. Deux jours après mon départ, j'avais déjà ce projet avec Barneys à New York qui consistait en une célébration… de moi-même. C'est un peu prétentieux mais c'était leur idée : me donner à réaliser tout un catalogue avec des femmes que j'aime, catalogue qui mettait en scène les vêtements des collections vendues chez Barneys. » Sans compter toutes ces campagnes de pub qu'elle n'aurait jamais pu faire avant (avec Karl Lagerfeld, Chanel…). « Parce que quand on travaille pour Vogue, on n'appartient qu'à Vogue. »

Pas de « Vogue blues » ? La journaliste propage pourtant ces dernières semaines la nouvelle d'un « September issue » de son cru, premier numéro d'un magazine probablement trimestriel et dont le titre non dévoilé attend d'être officiellement déposé. « Ce sera une nouvelle vitrine pour moi, toujours avec un côté « irreverent », insiste Carine Roitfeld. Mais je ne veux plus des même clichés : il faut que je me réinvente. »

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