Les volcans russes refroidissent la planète

Crédits photo : kamchatkaonline.ru

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Les conditions climatiques extrêmes et la hausse des prix alimentaires pourraient être dus à certains volcans du Kamtchatka particulièrement actifs

Si le jour de Noël 2010 il faisait plus froid en Grande-Bretagne qu'en Russie, alors que New York était ensevelie sous une neige épaisse, c’est probablement à cause des éruptions des volcans de l Extrême-Orient russe.

Le monde a désormais une raison de plus de se plaindre de la Russie : le temps.

Une chaîne de volcans sur la péninsule russe du Kamtchatka, située en Extrême-Orient, a été exceptionnellement active ces six derniers mois. Les cendres qu'ils ont éjectéesont dévié les vents dans l'Arctique, poussant des masses d'air froid vers l'Europe et l'Amérique du Nord. Un phénomène à l'origine de l'hiver particulièrement rigoureux observé cette année, selonplusieurs sources scientifiques.

Les cendres volcaniques voilent le soleil, rafraîchissant l'air en-dessous et abaissant en même temps la pression atmosphérique.

Les volcans (160 au total dont 29 actifs) sont toujours prêts à entrer en éruption, et pourraient créer plusde problèmes cette année, avec pour conséquence la baisse des récoltes autour de la planète. Conséquence, les prix alimentaires mondiaux devraient atteindre leur sommet lors d'un second hiver glacial en décembre prochain.

Les éruptions se produisent au pire moment possible. L'océan Pacifique a déjà été refroidipar laNiña, unphénomène climatiquequi se caractérise par une température anormalement basse des eaux équatoriales de surface.

Ce phénomène a contribué au déluge en Australie et aux cyclones tropicaux, alors que la température de l'océan Atlantique est plus élevée que d'habitude. D'après une étude réalisée par Erste Bank, la conjonction de ces facteurs signifie que les prévisions météorologiques pour le premier trimestre de cette année sont extrêmes, ce qui touchera à la fois les secteurs agricole et minier, tirant encore à la hausse des prix déjà élevés.

« Ces conditions climatiques réduisent les perspectives de récoltes agricoles et privent le secteur minier de marchandises comme le charbon », explique Erste Bank. « Les conditions climatiques atteindront probablement leur point le plus extrême durant le [premier trimestre], c'est pourquoi les prix des marchandises seront influencés par la météo... puis on assistera à l'accélération de l'inflation des prix à la consommation... Il y a également des problèmes de transport en raison de violentes tempêtes. »

Si la Niña change la distribution des ventsdans le monde,ce sont les volcans du Kamtchatka quiont brusquement changé la donne, en crachant de très grandes quantités de cendres dans l'atmosphère, refroidissant l'Arctique et repoussant les vents de l'Arctique plus au sud, brouillant radicalement les cartes. « Le Kamtchatka a tendance à être plutôt actif, mais depuis peu, c'est phénoménal ! Depuis novembre dernier, le Kizimen, le Chiveloutch, le Karymsky et le Klioutchevskoï sont presque constamment en éruption », note Evelyn Browning Gariss, dans la Browning Newsletter, une publication mensuelle sur la météo. Les cendres volcaniques voilent le soleil, rafraîchissant l'air en-dessous. Cela abaisse la pression atmosphérique, qui à son tour change le schéma des vents, tout spécialement dans l'Arctique. En conséquence, selon Mme Browning Garriss, « l'air froid normalement piégé autour du Pôle Nord déferle plus au sud ».

Cela a eu d'étranges conséquences météorologiques. Il faisait plus froid en Grande-Bretagne qu'en Russie le jour de Noël, alors que New York était ensevelie sous une neige épaisse.


Le froid a déjà eu un effet sur l'agriculture. L'Australie a perdu 10% de ses champs de blé en décembre, la plus lourde perte en un siècle, et le ministère russe de l'Agriculture prévoit une récolte de grain de 80 à 85 millions de tonnes, soit plus que l'année passée, mais toujours loin du record des 110 millions de tonnes de 2008.  Cette situation, ajoutée à la sévère sécheresse de la saison dernière en Argentine, aux inondations au Brésil et au Venezuela, à la météo inhabituelle dans les régions agricoles chinoises, a déjà causé la hausse des prix alimentaires.

Ce qui se produira le reste de l'année dépendra entièrement de l'activité volcanique, selon Browning Garriss, ce qui est par principe impossible à prévoir.

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