Sans la liberté de blâmer… (+Diaporama)

Crédits photo : ITAR-TASS

Parfois, l’on passe à travers le texte. Laurent Stocker, qui interprète Figaro sur la scène russe des théâtres russes, ensemble avec les acteurs de la Comédie française en tournée, fait au contraire sonner les mots de la fameuse tirade de l’insolent valet plus puissamment que jamais. Jouer Beaumarchais en Russie, y dénoncer la censure et l’autoritarisme politique, voilà une tâche importante. « Je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs ! » Applaudissements spontanés dans la salle. « On dirait qu’il y a de l’écho, ici », comme le remarquent Figaro et le Comte Almaviva.

« En France aussi, il y a quelques mois, le public applaudissait à cette tirade. Mais bien sûr, quand je suis sur la scène ici, en Russie, je dois dire qu’il se passe quelque chose de spécial. Je ne ressens pas le besoin toutefois de forcer le texte sous le prétexte que je me trouverais en Russie : il est suffisamment puissant par lui-même », raconte Laurent Stocker.

Dans une mise en scène parfaite de Christophe Roque, bouffonne juste ce qu’il faut, drôle comme l’ordonne le texte, contemporaine sans être artificielle, ingénieuse mais non technique, les comédiens sont tous très justes. Ces Français jouent sans doute comme l’aurait aimé le grand pédagogue du théâtre russe, Constantin Stanislavski : ils sont leurs personnages, bien plutôt qu’ils ne tentent de les incarner. Ils ne se demandent pas comment agiraient Figaro ou Marceline; mais plutôt, comment Laurent Stocker ou Martine Chevalier, qui s’appellent en ce moment Figaro et Marceline, agiraient face à un maître jaloux ou devant la découverte d’un fils perdu. Le jeune Chérubin, Benjamin Jungers, déploie une gestuelle à la fois impliquée et sincère, quant à Anne Kessler, Suzanne, elle parvient à jouer l’amoureuse de tout son cœur. De la part de tous enfin, c’est une grande réussite, et le public russe fait à la troupe un accueil « plus qu’enthousiaste », selon le témoignage des comédiens. A Novossibirsk comme à Ekaterinbourg, les spectateurs ont sans doute été sensibles à l’émotion sincère qui transfigure le jeu de ces acteurs en voyage en Russie. Certains d’entre eux sont tout simplement bouleversés par leur traversée de cette « autre patrie du théâtre » : c’est qu’ils sont encore imprégnés des exclamations de Tchekhov, dont ils interprètent les Trois Sœurs en décembre à Paris : « A Moscou ! A Moscou ! ». Ils y sont, ils y jouent.




La tournée

La tournée du célèbre théâtre français a débuté à Novossibirsk (Sibérie) où la troupe a donné des spectacles les 22 et 23 septembre au théâtre Globus.

Les acteurs français se sont produits par la suite à Omsk (28-29 septembre) dans le cadre du 2e Festival international Akademia, à Ekaterinbourg, dans l'Oural (4-5 octobre).

Moscou accueillera la Comédie Française du 11 au 13 octobre au Théâtre lyrique Tchékhov et Saint-Pétersbourg les 17 et 18 octobre au Théâtre Alexandra (ou théâtre Alexandrinski).

La troupe française réalisera la dernière escale de sa tournée russe à Kaliningrad, sur la mer Baltique (3-4 novembre) où elle participera au festival « Saisons baltes 2010".

Il s'agit de la 7e tournée de la Comédie Française en Russie (compte tenu de ses tournées en URSS effectuées depuis 1954).




Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies