Des clichés et des signes de liberté (+Diaporama)

Les plus beaux discours ne pourront rendre compte de l’effervescence russe avec autant de fidélité que les images exposées à la Maison européenne de la photographie.
Le stalinisme et ses héritiers avaient tenté de réduire l’entité géopolitique et l’homme russes à un seul corps. L’exposition « Photographie de la nouvelle Russie, 1990-2010 »,
panorama de la photo contemporaine russe, nous montre des réalités totalement opposées.

Sur le versant documentaire, on retiendra entre autres Serguei Tchilikov et son odyssée à travers les « régions », entre 1993 et 1995, efficace exploration d’une Russie s’étendant bien au-delà de Moscou et souvent inédite. Igor Mukhin, le très prolifique photographe de la jeunesse urbaine russe, sensibilise à l’intrusion brutale du capitalisme dans la société post-soviétique.

On s’arrêtera aussi sur les témoignages poignants des guerres récentes menées par la Fédération de Russie (Boris Koudriavov, « Miroir de la guerre », Grozny, 1996), mais aussi simplement sur les visages et les corps de dizaines de femmes, d’hommes (et de nombreux enfants) dans les sobres portraits de familles en noir et blanc, réalisés par Vladimir Mishukov.

Du côté des « plasticiens », au sens large du terme, la poésie délicate d’un Leonid Tishkov, créant un personnage qui promène un énorme croissant de lune incandescent dans la ville et jusque dans son lit, ou encore le collectif AES+F, mettant sans concession en scène certains rapports de domination et d’aliénation inhérents à toute société, sont autant de signes d’une liberté et d’une impertinence qui n’ont rien à envier aux artistes du monde autrefois dit « libre ».

Maison européenne de la photographie, jusqu’au 29 août.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies