Moderniser ensemble

En marge de la modernisation, on évoquera aussi l’adhésionde la Russie à l’OMC, le gaz et les visas.Photo de Dmitry Duhanin, Kommersant

En marge de la modernisation, on évoquera aussi l’adhésionde la Russie à l’OMC, le gaz et les visas.Photo de Dmitry Duhanin, Kommersant

Le sommet Russie - Union européenne de la semaine prochaine à Rostov-sur-le-Don devrait consolider les nouvelles bases des relations qui avaient pâti des événements de Géorgie.
Le sommet, placé» sous le thème d’un « partenariat de modernisation », signera la première visite de Herman Van Rompuy en Russie en qualité de président du Conseil européen, qui sera accompagné de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et de Catherine Ashton, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. La Russie sera représentée par son président, Dmitri Medvedev, et son ministre des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov.

Après une rencontre à Stockholm en novembre dernier, le sommet de deux jours, qui s’ouvrira le 31 mai, ne sera que le deuxième grand rendez-vous UE-Russie depuis le refroidissement des relations occasionné par la guerre russo-géorgienne en août 2008.

Selon Andrew Wilson, un expert en politique auprès du Conseil européen pour la politique extérieure basé à Londres, les pourparlers devraient porter sur « l’investissement de l’État : contrôlé par le haut à la manière soviétique ou du bas vers le haut, comme le souhaiterait l’Union européenne ; la liberté d’entreprise et la chasse à la corruption ». Un partenariat Union Européenne - Russie pourrait, entre autres, porter sur le développement des nanotechnologies au service de nouveaux produits, la coopération en matière d’assistance technique dédiée au secteur industriel et la recherche, a indiqué pour sa part Denis Daniilidis, porte-parole de la délégation de l’Union européenne à Moscou. Mais si l’ordre du jour donne la priorité au « partenariat de modernisation », trois autres grands dossiers, plus politiquement sensibles pour deux d’entre eux, seront évoqués en marge : l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’accord gazier russo-ukrainien et les visas.

Sur le premier, Moscou avait causé surprise et déception l’an dernier en liant son entrée à l’OMC à celles du Kazakhstan et de la Biélorussie. « Il semble que la Russie fasse machine arrière en la matière », commente Andrew Wilson ; « pour autant, ses intentions quant à l’avenir de l’union douanière ne sont toujours pas claires ».

La décision russe, en mars dernier, d’ouvrir un poste douanier réservé aux automobilistes à la frontière russo-finlandaise, et de maintenir les taxes sur le bois à leur modeste niveau actuel au-delà du 1er janvier 2011, peut être considérée de bon augure pour les discussions qui s’ouvriront à l’OMC.

Le deuxième de ces trois dossiers concerne indirectement les intérêts de l’Union européenne. Il s’agit de la proposition de fusion entre les deux géants gaziers, russe et ukrainien, Gazprom et Naftogaz. Officiellement, l’Union européenne considère que la question relève de la compétence des pays concernés. Mais elle va en étudier les conséquences possibles pour ses consommateurs. Car plusieurs coupures d’approvisionnement en gaz de ces dernières années, causées par des conflits entre la Russie et l’Ukraine, ont beaucoup agacé les Européens. L’amélioration des relations entre Ukraine et Russie consécutive à l’élection du président prorusse Viktor Yanoukovitch, rassure déjà à Bruxelles.

Sur la question des visas, l’Union européenne et la Russie déclarent œuvrer pour la libre circulation des personnes, mais vingt-cinq ans après la disparition du rideau de fer, les Russes désirant se rendre en Europe continuent de se heurter au coût des visas et aux lenteurs administratives. « Pour l’opinion russe, une seule chose importe : la libre circulation des personnes », affirme Vyatcheslav Nikonov, député du parti majoritaire Russie Unie. S’ajoutent de nouvelles craintes, comme la crise grecque ne détourne l’attention de l’Union européenne vers des sujets plus pressants.

Les observateurs critiques envers la politique intérieure et étrangère russe déplorent l’effet induit des soucis liés à la dette publique étranglant plusieurs pays de la « vieille Europe », et d’une Pologne obnubilée par son récent rapprochement avec la Russie dans le sillage de l’accident aérien de Smolensk : ils en concluent à l’absence de toute volonté de critiquer la Russie sur les droits de l’homme, la liberté de la presse ou encore sur la violence qui continue de ravager le Nord-Caucase.

« La Pologne a quelque peu basculé du côté du pragmatisme, ce qui donne davantage de poids au concept de partenariat de modernisation », résume Andrew Wilson. Il suggère que l’Union européenne envisage d’emprunter le chemin de la moindre résistance, celui-là même que l’OTAN a privilégié dans ses relations avec la Russie. La nouvelle façon de procéder pourrait être de moins s’apesantir sur les sujets controversés tels que les réformes démocratiques et les droits de l’homme.

« Il n’y a personne en Europe, y compris dans la ‘nouvelle Europe’, pour se soucier de ce qui se passe en Russie », constate Lilia Chevtsova, une spécialiste du Centre Carnegie de Moscou. « Tout le monde a décidé de courber l’échine à chaque fois que Moscou fait pression ».

Il est fort probable qu’aucun des points figurant à l’ordre du jour du sommet de la semaine prochaine ne débouchera sur un accord engageant les participants. L’événement est considéré comme un moyen d’accélérer une dynamique de relation de travail existante.


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