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« Septs justes et septs pécheurs » (1997) par les artistes AES+F.Photo d’AES+F

« Septs justes et septs pécheurs » (1997) par les artistes AES+F.Photo d’AES+F

Provocation et défi : tel est le signe sous lequel se présente l’exposition des principaux artistes russes contemporains que le Palais de Tokyo accueille à Paris à partir du 11 juin.

« Cette exposition va permettre aux publics français et européen de mieux comprendre ce que l’art contemporain russe a créé ces vingt dernières années, depuis la chute de l’URSS », assure Marina Gontcharenko, propriétaire de la galerie GMG à Moscou. « Elle témoigne de la réintégration de la Russie au sein de la scène artistique internationale ».

Parmi les œuvres les plus provocantes figure le « Je m’en lave les mains » de Yakov Kajdan, une installation qui représente des toilettes publiques assorties de barres de savon. L’artiste a conçu une puissante métaphore de l’hygiénisme maniaque de la civilisation occidentale. Cette propreté compulsive est le symptôme des complexes psychologiques plus profonds d’une nation tout entière, du colonialisme et de l’impérialisme aux guerres mondiales. Les barres de savon sont faites de marbre, et Kajdan joue sur la référence biblique au moment où Ponce Pilate se lave les mains... de l’exécution imminente de Jésus.

Intitulée « Leçons d’histoire », l’exposition, en place jusqu’au 27 juin, est organisée par Joseph Backstein, dans le cadre de l’Année croisée France-Russie. Au côté de Kajdan, seront présents les quatre artistes du groupe AES+F, célèbres pour leurs installations et photographies ; Dmitri Goutov, qui fait de la sculpture abstraite en métal et a capturé un jour 2 500 volants de badminton dans un filet de volley-ball tendu entre des arbres ; Ivan Tchoïkov, peintre ; ainsi que des artistes conceptuels tels que Arseni Jilyaïev, Anton Ginsburg, Serg u eï Chekovtsov, et le duo Aristarkh Tchernychov-Alexeï Choulguine.

« Backstein est le plus célèbre conservateur d’art russe, et il a réuni un excellent groupe d’artistes qui soulèvent des thèmes sociaux, historiques et politiques essentiels », explique Gontcharenko, consultante en chef du commissaire sur cette exposition. Laquelle est soutenue par le ministère de la Culture russe, la Fondation Iris et le centre de culture contemporaine Garage de Daria Joukova, devenu le cœur battant de l’art contemporain russe.

L’exposition s’ouvre sur des travaux du milieu de années 1980, pendant la perestroïka, et se fraye un chemin jusqu’à aujourd’hui, à travers les œuvres des artistes russes les plus en vogue.
« La réaction à l’histoire et à la nostalgie, ainsi que la réflexion et l’interprétation qui en découlent, sont des thèmes constants de l’art russe », précise Backstein. « Les œuvres de ces artistes reflètent les circonstances culturelles, historiques, sociales et politiques dans lesquelles elles ont été créées ; c’est pourquoi je les ai choisies ».

« Les suspects » de AES+F (1997) est une œuvre conceptuelle qui montre des portraits photos de 14 adolescentes. Sept sont de simples écolières moscovites, les sept autres sont des détenues pour crimes violents. Les artistes ne donnent aucun commentaire sur l’identité de chacun des modèles et laissent au spectateur la liberté de décider. Mais l’exercice est presque impossible car toutes les filles sont soigneusement maquillées et souriantes. Cette œuvre d’art nous force à confronter nos préjugés nous portant à désigner qui « a la tête d’un criminel ».

Arseni Jilyaïev, un des chefs de file de la scène moscovite, joue avec les concepts d’utopie et de nostalgie. Son « Le temps est du côté du communisme » présente des sculptures fabriquées à l’aide de meubles soviétiques. L’artiste met en parallèle l’idée d’espace personnel pour l’homme contemporain et l’homme soviétique, les différences qui séparent leurs chances et leurs espoirs, sur fond de fatalisme utopique.

L’installation « Gesamt » présente le mot Gesamtkunstwerk en néon incandescent sur un fond constamment changeant. Le mot signifie « œuvre d’art universelle » en allemand, ou « la synthèse des arts », et avait été utilisé par le compositeur Richard Wagner en 1849 dans son essai L’art et la révolution . L’enseigne en néon de Ginsburg est une tentative d’atteindre l’harmonie artistique que les générations précédentes ont passionnément recherchée. En vain.

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