Russes et Américains liés à jamais dans l’espace

Américains et Russes font désormais faceà la concurrence chinoise. Photo de NASA

Américains et Russes font désormais faceà la concurrence chinoise. Photo de NASA

Début avril, la fusée « Soyuz » a emmené sur la Station spatiale internationale (ISS) trois nouveaux astronautes : deux Russes et une Américaine. Mais la coopération russo-américaine est en pleine reconfiguration, au moment où la NASA fait face au désengagement de l’État fédéral, alors que Moscou retrouve ses ambitions spatiales.
L’Amérique s’appuie de plus en plus sur le programme spatial fédéral russe. Les priorités de leur propre programme n’étant plus les mêmes, les États-Unis vont désormais recourir entièrement à la Russie pour propulser leurs astronautes dans l’espace.

La NASA a depuis toujours disposé d’un plus gros budget que l’Agence spatiale russe et travaillé sur un plus grand nombre de programmes. Mais le Président Barack Obama a cassé le rêve d’un retour sur la Lune.

Si la Russie et les États-Unis se considèrent aux avant-postes de l’exploration de l’espace, leur position dominante sera contestée dans les dix prochaines années par l’Inde et la Chine.

Le gouvernement russe a considérablement augmenté son budget spatial qui, selon Euroconsult, représentait 2,8 milliards de dollars en 2009, en augmentation de 40% pour chacune des cinq dernières années.

Pour l’instant, les États-Unis vont compter uniquement sur le programme russe, car la navette spatiale se retire au musée.

La NASA a signé un contrat de 306 millions de dollars avec l’Agence spatiale fédérale russe (« Roskosmos ») pour que les astronautes américains puissent se rendre à la Station spatiale internationale jusqu’en 2012.

Alors que certains ont du mal à s’habituer à cette passation de pouvoirs, d’autres soutiennent le nouvel esprit de coopération, très différent du début de la course à l’espace, à l’époque où les vols étaient stimulés par la Guerre froide.

L’Amérique tout entière vécut comme un choc le lancement du premier spoutnik dans la série des satellite soviétiques en 1957, puis l’envoi du premier homme, dans l’espace, Youri Gagarine, en 1961. Les conquêtes spatiales de l’URSS poussèrent les États-Unis à redoubler d’efforts et à multiplier les exploits, qui culminèrent en 1969 avec le débarquement sur la Lune où l’astronaute Neil Armstrong vit, dans le premier pas hésitant qu’il y fit, « un pas de géant pour l’humanité ».

La Journée du Cosmonaute, le 12 avril, célebre le premier vol spatial de Gagarine. En 2009, Gagarine a été choisi pour incarner le « Héros du XXe siècle ». Le 50e anniversaire de son exploit sera commémoré en 2011, proclamée année du Cosmonaute russe.

En Russie aussi, l’abandon du programme de vol spatial habité américain vers la Lune a causé une grande déception. Car c’est ce programme, baptisé « Constellation », qui avait poussé le gouvernement russe à engager son projet de nouveau lanceur. À l’époque, il s’agissait d’offrir une réplique à Constellation, mais paradoxalement, le projet russe n’était pas jugé à la hauteur du programme américain, dont il est aujourd’hui appelé à prendre la relève en quelque sorte.

La Russie doit elle aussi élaborer des stratégies précises en ce qui concerne son programme spatial, et non pas céder à l’ambition de multiplier les objectifs. « La Russie doit repenser ses priorités », estime Valery Kaboussov, l’ancien directeur adjoint d’« Energiya », la société russe des fusées et de l’espace. « Nous devons redéfinir nos objectifs. Je pense que nous devons réfléchir avant de nous lancer dans de nouveaux vols habités ».

L’annulation du programme Constellation survient à un moment où la Russie et les États-Unis redoutent la Chine et l’Inde, qui ont investi des fonds considérables dans leurs propres programmes spatiaux. Les Chinois ont effectué un troisième lancement de leur vaisseau spatial Shenzhou VII et leur première sortie extravéhiculaire en 2008, tandis que l’Inde planifie son premier vol habité pour 2014.

« Nous sommes un peu jaloux de la Chine », reconnaît Lissov. « Ils ont un programme très précis et peuvent aller très loin».



A NOTER:

Coopération spatiale franco-russe

En juin 2010, La Russie et la France vont signer des contrats pour la livraison de 14 fusées russes « Soyouz ». A l’aide de ces fusées, la France envisage de mettre sur orbite des satellites depuis sa base de lancement de Kourou, en Guyane. Le projet est déjà entré dans sa phase concrète de réalisation et l’équipement au sol a déjà été installé à 90%.
Des travaux d’essai sont en cours, auxquels participent près de 130 spécialistes russes.

De quelques mythes vivaces

C’est peut-être parce qu’on leur a si souvent menti que les Russes adorent les secrets et les complots. Et l’espace a toujours été un des domaines privilégiés pour tous ceux qui ont une imagination fertile. Lorsque la chienne Laïka a été envoyée sur orbite, les scientifiques savaient parfaitement qu’elle ne reviendrait pas vivante sur Terre. Mais ils se sont bien gardés de le dire aux Soviétiques. Ils n’ont jamais fait mention non plus des autres cosmonautes à quatre pattes qui ont péri dans la course à l’espace avant elle.

Le scientifique Alexander Serebrov a démystifié de nombreuses « vieilles lunes » relatives à l’exploration spatiale, en particulier celles qui ont trait aux premiers « alunissages ». Il adore expliquer pourquoi le drapeau américain planté sur le sol lunaire ondulait en l’absence de vent dans l’espace. Mais ce que Serebrov préfère, c’est s’amuser à convaincre du contraire les Russes qui affirment que les Américains... ne sont jamais allés sur la Lune !


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