Le Kremlin renoue avec le grand écran

Finies les années de vaches maigres ! Les huit principaux producteurs du cinéma russe viennent d’obtenir de l’État une aide de 6,3 millions d’euros chacun pour mieux résister au cinéma américain.
L’an dernier, alors que les films russes continuaient à céder les premières places du box-office aux blockbusters hollywoodiens, le ministère de la Culture avait été critiqué pour l’inefficacité de son soutien, certains films financés par l’État n’étant même pas sortis sur les écrans. La leçon a été retenue. Parmi les producteurs bénéficiaires des subventions annoncées en mars : la compagnie « Trite » du réalisateur Nikita Mikhalkov, la société de production d’Igor Tolstounov, Art-Pictures, dont le réalisateur Fiodor Bondartchouk est l’un des cofondateurs ou encore Bazelevs, de Timour Bekmambetov.

En novembre 2008, le premier ministre Vladimir Poutine avait fustigé en ces termes le secteur cinématographique lors d’une réunion gouvernementale sur le sujet : « Il me semble que les problèmes que connaît l’industrie du cinéma russe ne concernent pas le montant des fonds ou les avantages fiscaux dont elle bénéficie. Le vrai problème, c’est la gestion de ses ressources, sa capacité de créer un produit compétitif pour conquérir le public russe et étranger ».

Le gouvernement a décidé d’augmenter le financement du secteur cinématographique de 55 % en 2010. Le ministère de la Culture dispose de 849 millions de roubles (21,6 millions d’euros) pour subventionner le cinéma pour enfants, le cinéma d’art et d’essai et le cinéma expérimental, 300 millions de roubles (7,6 millions d’euros) étant par ailleurs réservés pour récompenser les films attirant plus d’un million de spectateurs. L’argent restant ira à la production de films ayant une « fonction sociale importante ». Ce système fonctionnera pendant deux ans, et par la suite, de nouveaux bénéficiaires seront choisis en fonction des critères approuvés. Pour l’attribution des aides, « nous devons nous concentrer sur des critères précis, sans faire place à la subjectivité. Ces critères doivent être transparents pour tout le monde », a déclaré le vice-premier ministre russe Alexandre Joukov à l’agence Interfax.

Sont pris en compte les audiences en salle et à la télévision, la participation aux principaux festivals de cinéma, les prix et les récompenses obtenus et l’expérience des sociétés de production. Mais les recettes du box-office ne seront pas retenues car le nombre de salles de cinéma varie au fil des années, a indiqué Oleg Ivanov, le directeur de la société Movie Research qui a établi les critères de sélection. L’an dernier, les recettes pour 78 films produits en Russie ont représenté 131 millions d’euros dans la Communauté des États indépendants (CEI), en baisse de 16,8 % par rapport aux 165,5 millions d’euros en 2008, selon les chiffres du magazine Russian Film Business Today.

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