La visite vue de Paris: bilan «très positif»

La négociation ne fait que commencer

La négociation ne fait que commencer

La première visite d’État en France du Président russe Dmitri Medvedev a démontré une convergence de vues sur les grands dossiers de la coopération franco-russe, mais aussi sur l’Iran. Commentant les résultats de cette visite vue de l’Elysée, Damien Loras, conseiller de la présidence française chargé notamment de la Russie, répond ici aux questions de La Russie d’Aujourd’hui.
Quel bilan tire-t-on, côté français, de la visite du président Medvedev?

Très positif. C’était une visite de prestige, avec une dimension essentiellement politique, destinée à souligner le caractère privilégié du partenariat qui existe entre la France et la Russie. Il s’agissait de le montrer à travers tous les symboles s’attachant à une visite d’Etat, mais aussi à travers des projets emblématiques. J’en citerai deux.

L’accord Gasprom-GDF-Suez est le signe que la France considère la Russie également comme un partenaire pour assurer la sécurité énergétique de l’Europe et de la France. Ce qui ne veut pas dire qu’on délaisse d’autres projets comme Nabucco, que nous soutenons toujours car c’est une priorité européenne. Mais la diversification des voies d’approvisionnement énergétique, qui est un objectif stratégique pour l’Europe, ne se fait pas contre la Russie. Diversification, cela veut dire Nabucco, mais également d’autres projets, notamment Nord Stream, quand cela contribue à la sécurité énergétique.

Le deuxième projet, c’est le BPC (bâtiment de protection et de commandement, type Mistral : NDLR). Pour le Président Sarkozy, on ne peut pas demander à la Russie de se comporter comme un partenaire, y compris dans le domaine de la sécurité et de la défense, et ne pas le traiter comme tel, y compris dans le domaine de la sécurité et de la défense. Pour nous, l’enjeu est certes économique, mais il est avant tout politique : encourager la Russie à se comporter comme un partenaire, y compris en matière de sécurité et de défense. Nous ne pensons pas que cela remette en cause l’équilibre stratégique. La négociation ne fait que commencer sur le périmètre et le partage de charges de cette coopération.

Quelles assurances la France a-t-elle donné à ses partenaires au sein de l’OTAN?

Nous avons engagé un dialogue approfondi sur ce sujet, en particulier avec les pays alliés ou amis chez qui ce projet suscite des interrogations. Le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Pierre Lellouche, était récemment dans les Pays baltes ; il s’est entretenu également avec le ministre polonais. Nous avons des discussions avec les Géorgiens et les Américains. Nous avons exprimé notre disponibilité à donner, à nos partenaires européens qui le souhaitent, des assurances en termes de sécurité.

Comment perçoit-on, à Paris, la situation intérieure en Russie?

Le Président Medvedev s’est, au cours des derniers mois, engagé dans des chantiers de réformes ambitieux, notamment dans le domaine de la justice. Ces réformes visent à renforcer l’état de droit en Russie. M. Medvedev a également pris des décisions courageuses en sanctionnant des cadres de l’administration, notamment au sein de la police et du système pénitentiaire, convaincus de violations de la loi. La Russie a par ailleurs ratifié le protocole 14 à la Convention des droits de l’homme – c’est très important – et elle a confirmé son moratoire sur la peine de mort. Tout cela montre qu’un mouvement est engagé en Russie, et c’est bien sûr un mouvement que nous encourageons.

Si Moscou n’exclut pas de nouvelles sanctions contre l’Iran, comment Paris envisage-t-il la prochaine étape ? Les Russes vous paraissent-ils prêts à la franchir?

Oui, le président russe a dit publiquement que la Russie était aujourd’hui disposée à adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, dès lors que l’Iran ne se conforme pas à ses obligations internationales et ne coopère pas de façon satisfaisante avec la communauté internationale, notamment avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Reste maintenant à définir le champ des nouvelles sanctions qui pourraient être adoptées, et c’est l’objet des discussions qui se sont engagées à New York. Incontestablement, il existe aujourd’hui de réelles convergences entre la Russie et la France sur cette question, ainsi que les deux présidents l’ont relevé publiquement.

Le président Sarkozy a-t-il reçu des assurances de la part de son homologue russe sur le respect des accords de cessez-le-feu en Géorgie ?

Le cessez-le-feu est respecté. Ce qui fait débat, c’est le degré de mise en œuvre des dispositions des accords Sarkozy-Medvedev du 12 août et du 8 septembre 2008. Le président français a demandé à son homologue d’appliquer intégralement ces accords là où ils ne l’on pas été pleinement. Cela concerne notamment l’évacuation de certains territoires, comme le village de Perevi, à la frontière entre l’Ossétie et le reste de la Géorgie. Le Président Medvedev a dit qu’il était disposé à discuter de ces questions avec le Président Sarkozy ou entre leurs collaborateurs. C’est en soi quelque chose de positif. Il y a également accord sur la poursuite du processus de Genève, c’est-à-dire des discussions engagées sur la stabilité et la sécurité dans la région et sur les questions humanitaires, notamment le retour des réfugiés et des déplacés.

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