Timochenko aux trousses de Yanoukovitch

Source: PhotoXpress

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La Commission électorale centrale ukrainienne a bouclé le décompte des votes. Viktor Ianoukovitch a recueilli plus de 35% des voix, Ioulia Timochenko arrive 10% derrière. Le pays, tout comme il y a cinq ans à l'époque de la « révolution orange », est de nouveau divisé en deux. Tout dépendra du report des voix des candidats malheureux au premier tour et de la possibilité ou non pour Ioulia Timochenko, de remporter une victoire à la force de la rue, comme en 2004.

Cette fois-ci, Viktor Ianoukovitch, armé de l'expérience de Maïdan 2004, occupé par les partisans de Ioulia Timochenko et de Victor Iouchtchenko pendant plusieurs semaines, a fait sortir ses électeurs dans les rues de Kiev en premier. Dès lundi matin, des autobus et des navettes ont commencé à affluer vers la capitale de l'est du pays où, traditionnellement, la position du «Parti des régions» est forte. Des colonnes blanches et bleues sont parvenues jusqu'au bâtiment de la Commission électorale centrale, ont laissé descendre les passagers puis sont repartis chercher une nouvelle cargaison. Les explications de Viktor Ianoukovitch sont restées assez vagues. D'après lui, ces rassemblements doivent prévenir les tentatives de falsification des résultats du vote. Actuellement sur la place devant la Commission électorale, trônent une scène et des tentes bleues, ainsi que des toilettes biologiques. Les partisans de M. Ianoukovitch montrent expressément qu'ils ont prévu de s’installer et qu'ils n’ont pas l'intention de partir avant d’avoir remporté la victoire. Trois repas par jour leur sont offerts, et, tous le disent ouvertement, ils ne sont pas ici uniquement pour les assiettes fumantes, ils sont également venus par conviction politique, car un jour de campement ne rapporte que 150 grivna (environ 13 euros).

Mardi, le leader du Parti des régions a lancé une nouvelle attaque. Le parti a demandé aux défenseurs de l'application des lois de mener une enquête sur les tentatives de ressortissants étrangers d'intervenir dans le processus électoral en Ukraine. Vladimir Sivkovitch, représentant du Parti des régions, l’a annoncé au parlement le jour même. « Il s'agit, dans les faits, d'un cas sans précédent, où l’un des candidats à la présidence, plus précisément Ioulia Vladimirovna Timochenko, derrière le dos des autres partis, derrière le dos des citoyens, s’est mise d'accord avec le président [géorgien] Mikhaïl Saakachvili sur l'envoi de soldats (de Géorgie, ndlr)», a déclaré M. Sivkovitch. Le député a mentionné le dialogue entre des représentants des autorités ukrainiennes et géorgiennes, dactylographié, suivant lequel la Géorgie doit envoyer en Ukraine, soi-disant en qualité d'observateurs, des agents du ministère géorgien de l’Intérieur.

La priorité de Ioulia Timochenko est de s'assurer du soutien des candidats éliminés de la course à la présidence. Et plus exactement, ses chances dépendent surtout du choix des électeurs ayant voté pour Sergueï Tiguipko (13,05 %) au premier tour. Ioulia Timochenko a estimé qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de soutenir sa candidature. Sergueï Tiguipko, de son côté, a promis de ne pas se mêler des règlements de comptes entre les deux candidats. Il sait que des élections parlementaires vont inéluctablement suivre et a bien l'intention d'utiliser réellement ses chances. Les électeurs ukrainiens ne lui pardonneront pas s'il commence à vendre leurs voix. A moins que la candidate ne lui propose, en cas d’élection, un poste qu'il ne peut refuser. Rinat Akhmetov, milliardaire, membre du Parti des régions et sponsor général du parti, a également fait part de l’intention de son parti de trouver un accord avec Tiguipko.

Il faut préciser que dans cette campagne électorale, malgré la crise économique qui sévit dans le pays, les sponsors n’ont pas fait défaut. Le quartier général de la campagne cinq étoiles et la salle de presse de Ioulia Timochenko sont installés à l'hôtel Hyatt. Ni cet hôtel, ni l'hôtel Intercontinental où se trouve le tout aussi luxueux quartier général de Viktor Ianoukovitch n'existaient en 2004, à l'époque de la « révolution orange ». Les temps ont changé, le jeu aussi, et gagnera celui qui pourra s’accorder avec tous : avec la Russie, avec l'Europe et avec Sergueï Tiguipko. Le candidat du Parti des régions a déjà promis que sous sa présidence, l'Ukraine poursuivrait progressivement son intégration à l'Union Européenne, tout en gardant de bonnes relations avec la Russie. Une telle position affaiblit les chances de sa rivale qui perd, dans cette lutte, l'exclusivité de sa position pro-occidentale.

L’avenir du fauteuil présidentiel se jouera dans les deux prochaines semaines de campagne. Le deuxième tour est fixé au 7 février. Pour le moment, les sondages penchent pour Victor Ianoukovitch, mais la majeure partie des observateurs pense que le résultat réel des élections reste, à l'heure actuelle, imprévisible.

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