L'immortel destin de l'éphémère

2010 verra l'ouverture du premier musée russe entièrement consacré à la mode - une institution richement dotée grâce au fonds du Musée des arts décoratifs et populaires, et qui accueillera plus de 30 000 pièces de collection.
On en parlait depuis dix ans. Mais les divers projets de création d'un musée de la mode à Moscou tournaient en rond: certains des concepteurs avaient le bon endroit mais pas les collections, pour d'autres, c'était le contraire. Le Musée national des arts décoratifs et populaires a mis tout le monde d'accord. Les Arts déco possèdent une vaste collection, remontant à 1885, de croquis, de lithographies, de costumes, de robes et d'accessoires: de quoi faire un vrai musée, sur le modèle - à Moscou, on le cache pas - du Musée de la mode et du textile du Louvre.

Pour l'inauguration dont la date n'est pas encore fixée, une exposition spéciale, « Le noir et le blanc », va retracer l'histoire du costume urbain de la fin du XIXème siècle au début du XXème. Au programme: des croquis d'accessoires exécutés par les peintres russes des années 1920 pour les maisons de mode françaises, dont Hermès, des lithographies de costumes de scène du XIXème siècle et des photos de défilés des années 1950. Le musée mise sur la collaboration de la nouvelle génération de créateurs russes pour ajouter à son fonds les plus belles pièces de leurs collections. « Pour la fin de l'année, nous prévoyons dґouvrir quelques salles d'exposition », explique Margarita Barjanova, directrice du Musée des arts décoratifs et populaires. « Salles qui seront ensuite mises à la disposition du Musée de la mode pour ses expositions permanentes », après son inauguration en 2010.

Le premier projet d'envergure du nouveau musée sera l'exposition « La Russie des indiennes », consacrée à l'histoire de ce tissu peint ou imprimé en vogue entre le XVIIème siècle et le XIXème siècle. Objectif recherché: une présentation du tissu comme matériau artistique à part entière, de son évolution jusqu'en 1917, et des innovations qu'il a connues dans les années 1920-1930. L'exposition mettra en vitrine des pièces uniques de la fin du XIXème-début du XXème siècle; des tissus imprimés de coton et de lin des XVIIème-XVIIIème siècles; du lin imprimé paysan de la fin du XIXème-début du XXème siècle, où domine le bleu indigo qui rappelle le denim d'aujourd'hui, avec des motifs laconiques, parfois naïfs, mais extrêmement expressifs; ainsi que des costumes citadins et paysans en tissus imprimés; enfin, partie moderne de l'exposition: la mode de propagande, composée de tissus et de foulards des années 1920-1930. Bref, les styles passent comme les époques, mais à Paris comme à Moscou, la mode s'offre un podium pour l'éternité.

Vladimir Semenov est écrivain et commissaire du Musée russe de la mode.

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