Deux dates, une victoire

Monument aux pilotes et mécaniciens du régiment Normandie-Niemen au Bourget

Monument aux pilotes et mécaniciens du régiment Normandie-Niemen au Bourget

Maria Tchobanov
Le 8 mai, l’Europe célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie fête le Jour de la Victoire le 9 mai et pour une très grande partie de la population, c’est la fête la plus importante de l’année. Malgré le décalage du calendrier, dans l’histoire de cette guerre la France et la Russie ont beaucoup de pages en commun, aussi bien tragique que glorieuses.

Monument aux pilotes et mécaniciens du régiment Normandie-Niemen au Bourget. Crédit ; Maria TchobanovMonument aux pilotes et mécaniciens du régiment Normandie-Niemen au Bourget. Crédit : Maria Tchobanov

Du 6 à 11 mai à Paris et dans d’autres villes de France, une série d’événements commémoratifs, dédiés aux combattants et victimes de la Seconde Guerre mondiale se déroulent à l’initiative de l’Ambassade de la Fédération de Russie et des associations russes et françaises, réunissant les anciens combattants et de simples citoyens, pour qui la mémoire de la guerre est encore vivante.

Le 6 mai, des gerbes et des fleurs ont été déposées au pied du monument aux pilotes et mécaniciens du régiment Normandie-Niemen au Bourget, près du Musée de l'Air et de l'Espace, qui accueille l'exposition permanente retraçant l’aventure de ce légendaire régiment de chasse ayant lutté sur le sol soviétique durant la Seconde Guerre mondiale.

Hervé de Saint-Exupéry et Jack Krine. Crédit : Maria Tchobanov Hervé de Saint-Exupéry et Jack Krine. Crédit : Maria Tchobanov
Tous les ans, cette cérémonie rassemble les membres des associations d’anciens combattants, des représentants des ministères de la Défense russes et français, des ambassades de la CEI et des passionnés de l’histoire militaire et de l’aviation. Néanmoins, cet épisode de la Deuxième Guerre mondiale reste peu connu des Français. Le lieutenant-colonel Hervé de Saint-Exupéry qui représentait à la cérémonie le chef d'Etat-major de l'Armée de l'air a avoué au correspondant de RBTH avoir été profondément ému de découvrir lors de sa visite du Musée de Normandie-Niemen à Moscou le grand engouement des Russes pour les héros de l’escadrille et de voir à quel point les liens qu’entretiennent les pilotes français d’aujourd’hui avec les anciens du régiment en Russie sont forts. Il a rajouté « qu’on devrait faire un peu plus d’efforts en France pour faire connaitre ce côté de l’histoire à la jeunesse ».

Le célèbre pilote français Jack Krine, rencontré à la même occasion, a raconté qu’étant gamin, il rêvait partir comme les pilotes de Normandie-Niemen combattre les ennemis. A ses 70 ans il totalise 20 000 heures de vol sur plus de 180 types d'avions différents, y compris les Yaks de l’époque de la Deuxième Guerre mondiale que le pilote promène dans le ciel avec audace lors de différents meetings aériens. « Nous rendons hommage à tous ces pilotes et mécaniciens qui ont été des types extraordinaires. Quand je fais des conférences dans des écoles, je parle d’eux. Les gamins aujourd’hui ont besoin de s’identifier à des héros, à des jeunes exceptionnels. Depuis une génération et demi il n’y en a plus comme ça », affirme Jack Krine.

Au Mémorial de la France combattante

Pour célébrer avec le peuple français le 71e anniversaire de victoire commune sur l’Allemagne nazie, une délégation d’anciens combattants est venue de Moscou. Le 7 mai Vladimir Kamensky, éclaireur pendant les années de la Seconde Guerre mondiale ayant participé à la prise de Berlin, Stanislav Zvezdov, membre de l’équipage du légendaire sous-marin « S-13 » sous le commandement d’Alexandre Marinesko (qui a fait couler le géant paquebot de la flotte fasciste « Wilhelm Gustloff » avec plus de 10 000 soldats et officiers allemands et des représentants de haut rang de l'élite nazie à bord) et Vitaly Skriabine, le président du Conseil des vétérans de l’arrondissement administratif de l'Ouest de Moscou ont visité le site du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

Au Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Sur la photo, parmi d'autres : Madame Lysiane Tellier, Stanislav Zvezdov, Vitaly Skriabine et  Vladimir Kamensky. Crédit ; Maria TchobanovAu Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Sur la photo, parmi d'autres : Madame Lysiane Tellier, Stanislav Zvezdov, Vitaly Skriabine et Vladimir Kamensky. Crédit : Maria Tchobanov
Accueillis par Alain Faber, président de l'association nationale Mémoires du Mont-Valérien et Antoine Grande, directeur des hauts-lieux de mémoire d'Ile de France et accompagné par Madame Lysiane Tellier, ancienne résistante et présidente d’honneur de l’association Mémoires du Mont-Valérien, les invités russes ont rendus hommage à plus de 1 000 combattants de plusieurs nationalités, y compris les ressortissants russes, qui ont été fusillés au Mont Valérien par les nazis. Très ému, Stanislav Zvezdov a partagé sa reconnaissance aux autorités françaises qui font beaucoup d’effort « pour que l’effroyable vérité sur la Deuxième Guerre mondiale ne s’efface pas dans la conscience des futures générations ».

Le défilé du Régiment immortel

Le lendemain matin, Vladimir Kamensky, Stanislav Zvezdov et Vitaly Skriabine ont assisté à la cérémonie-anniversaire de la Victoire sur les Champs-Élysées dans les tribunes des invités. Par la suite, ils ont rejoint avec l’ambassadeur de la Fédération de Russie Alexandre Orlov et d’autres diplomates russes les compatriotes qui se sont rassemblés sur la place de la Bastille à Paris. C’était le point de départ du défilé du Régiment immortel, créé en mémoire des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. Cette manifestation a réuni plus de 400 personnes – Russes, Biélorusses, Polonais, Arméniens, Français et représentants d’autres nations. Ils tenaient les photos des soldats et des officiers ou tout simplement des membres de leur famille qui ont vécu la guerre ou y ont perdu la vie.

Serge Linnikoff, descendent d’émigrés russes né en 1942 en France, a apporté le portrait de son oncle, qui était soviétique et a fait toute la guerre dans l’Armée rouge comme médecin militaire. Il a expliqué sa présence au meeting : « Je me considère de cœur comme attaché à la culture russe et au sacrifice de 29 millions de morts soviétiques pendant la guerre. Tous ces peuples, composant l’Union soviétique, ont sacrifié leurs vies pour défendre la liberté contre le nazisme. Sans la puissance de l’Armée rouge, on serait sans doute sous la botte nazie encore aujourd’hui. L’histoire à tendance à être réécrite d’une manière non objective. Beaucoup de jeunes sous-estiment le rôle des Russes dans la libération de l’Europe ».

Le Ru00e9giment immortel arrive au cimetiu00e8re du Pu00e8re-Lachaise. Parmi les participants figurent l&#39ambassadeur de Russie en France Alexandre Orlov, le pru00e9sident du Conseil des vu00e9tu00e9rans Vitaly Skriabine et les anciens combattants Vladimir Kamensky et Stanislav Zvezdov.Maria TchobanovLe Ru00e9giment immortel arrive au cimetiu00e8re du Pu00e8re-Lachaise. Parmi les participants figurent l&#39ambassadeur de Russie en France Alexandre Orlov, le pru00e9sident du Conseil des vu00e9tu00e9rans Vitaly Skriabine et les anciens combattants Vladimir Kamensky et Stanislav Zvezdov.
A droite : Serge Linnikoff.Maria TchobanovA droite : Serge Linnikoff.
Au premier plan : l&#39ambassadeur Alexandre Orlov, le pru00e9sident du Conseil des vu00e9tu00e9rans Vitaly Skriabine et les anciens combattants Vladimir Kamensky et Stanislav Zvezdov.Maria TchobanovAu premier plan : l&#39ambassadeur Alexandre Orlov, le pru00e9sident du Conseil des vu00e9tu00e9rans Vitaly Skriabine et les anciens combattants Vladimir Kamensky et Stanislav Zvezdov.
 
1/3
 

En brandissant les drapeaux et les portraits, les manifestants ont défilé dans les rues de Paris sous les regards curieux des Parisiens et des touristes jusqu’au cimetière du Père-Lachaise pour déposer les fleurs au pied du monument des partisans soviétiques membres de la Résistance française. 

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, plus de 35 000 Russes et ressortissants des anciennes républiques soviétiques ont combattu dans les rangs de la Résistance. 7 000 ont laissé leurs vies sur les champs de batailles ou ont été exécutés. 4 643 d’entre eux sont enterrés dans le cimetière militaire commémoratif de la ville de Noyers-Saint-Martin (département de l'Oise), où une autre cérémonie commémorative est prévue le 9 mai. Enfin, le 11 mai, des gerbes et des fleurs vont être déposés sur les tombes des membres russes de la Résistance au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies