Ces maîtresses de tsars qui ont marqué la Russie

Paul Ier et Anna Lopoukhina.

Paul Ier et Anna Lopoukhina.

Vladimir Borovikovsky, Stepan Shchukin
Russia Beyond se souvient de plusieurs maîtresses de tsars russes.

1. Paul Ier et Anna Lopoukhina

Le fils de l’impératrice Catherine II, Paul Ier, était Grand maître de l’Ordre de Malte et se considérait comme un vrai chevalier. Or, un chevalier est obligatoirement au service de sa dame. L’empereur décida en 1798 de confier ce rôle à une princesse de 20 ans, Anna Lopoukhina, dont le physique est décrit comme suit par une des dames de la cour : « Lopoukhina avait une jolie tête, mais elle était petite, mal constituée, avec une poitrine creuse et sans aucune grâce dans ses mouvements ».

Paul l’adulait. Il baptisa plusieurs navires en son honneur. Il habilla les officiers de son armée d’un uniforme rouge vif, la couleur préférée d’Anna. Comme Lopoukhina adorait danser la valse, Paul leva l’interdiction frappant cette danse à la cour. Qui plus est, il ordonna de donner à la demeure impériale, le palais Mikhaïlovski, la couleur orange brique, celle des gants de soirée de sa dulcinée.

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Quand Lopoukhina lui avoua en aimer un autre, Paul Ier garda la dignité d’un chevalier : il organisa le mariage d’Anna avec l’élu de son cœur, le prince Gagarine. Toutefois, jusqu’à la mort de Paul Ier, assassiné en mars 1801 à l’issue d’un complot, sa maîtresse disposait au palais d’appartements reliés par un escalier secret aux chambres de l’empereur.

2. Alexandre Ier et Maria Narychkina

Alexandre Ier et Maria Narychkina. Crédit : Stepan Shchukin

Le cœur d’Alexandre Ier, empereur de Russie durant le premier quart du XIXe siècle, a capitulé devant Maria Narychkina, représentante d’une famille noble polonaise. « Sa beauté était tellement parfaite qu’elle semblait impossible, écrit le mémorialiste Philippe Viguel. Les traits idéaux de son visage et ses courbes irréprochables étaient encore plus mis en valeur par la simplicité de son habit ».

Maria Narychkina ne portait jamais de bijoux et apparaissait aux bals de la cour dans une simple robe blanche. Elle ne brigua pas le rôle d’épouse, ne s’immisça jamais dans la politique et ne profita aucunement de sa situation pour s’enrichir. Alexandre Ier ne cherchait même pas à cacher leur liaison et ouvrait les bals par une polonaise au bras de Maria.

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En 1814, leur histoire d’amour, qui avait duré treize ans, prit fin. Personne ne sait qui fut l’initiateur de la rupture ni qui fut le père des cinq enfants de Maria. Toutefois, il paraît que son mari, le chef de la vénerie Dmitri Narychkine, répondit à une question de l’empereur concernant la santé de ses enfants : « De quels enfants parlez-vous, Majesté ? Des miens ou des vôtres ? ».

3. Alexandre II et Ekaterina Dolgoroukova

Alexandre II et Ekaterina Dolgoroukova. Photos d'archive.

L’empereur Alexandre II avait 28 ans de plus que sa maîtresse. Il connaissait Ekaterina alors que celle-ci était encore enfant, quand il venait voir son père. Puis il la rencontra au Jardin d’Eté alors qu’elle venait d’avoir 18 ans et en tomba éperdument amoureux. Les deux tourtereaux se promenaient et se donnaient rendez-vous en cachette. En 1878, l’empereur rendit visite à la princesse dans ses appartements au Palais d’Hiver et ils ne se quittèrent plus. Nous disposons aujourd’hui de quelque 6 000 lettres qu’ils se sont écrites au fil de quinze ans de relation.

L’épouse d’Alexandre II mourut en 1880. A peine un mois après l’enterrement, oubliant le deuil, l’empereur mena sa belle à l’autel. Elle reçut le titre de son Altesse Sérénissime la princesse Yourievskaïa. Ce même nom fut donné à ses trois enfants, qu’Alexandre reconnut comme siens.

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Pourtant le bonheur fut de courte durée : le 1er mars 1881, l’empereur blessé dans un attentat terroriste décéda au palais dans les bras de sa femme. Restée veuve à 33 ans, elle ne se remaria plus jamais, bien qu’elle ait vécu encore 40 ans par la suite. Dans le film français Katia (1959) qui retrace cette belle histoire d’amour, Dolgoroukova est incarnée par Romy Schneider.

4. Nicolas II et Mathilde Kschessinska

Nicolas II et Mathilde Kschessinska. Crédit : RIA Novosti, photo d'archive

Le point de départ de cette liaison fut la décision du père du prince héritier, Alexandre III : c’est lui qui fit asseoir la charmante diplômée de l’école de danse à côté de son fils lors d’un déjeuner solennel. Nicolas, qui avait déjà 22 ans mais à qui personne n’avait jamais attribué de relation, s’éprit de Mathilde sur le champ : « La petite Kschessinska m’intéresse vraiment », écrit-il dans son journal. La danseuse de 18 ans renchérit : « Je suis tombée amoureuse du prince héritier depuis notre première rencontre <…> Ce sentiment a envahi toute mon âme, je ne pouvais penser qu’à lui ».

Nicolas acheta à sa dulcinée une propriété à Saint-Pétersbourg pour qu’ils puissent se rencontrer tranquillement. Mais ils se quittèrent et leurs chemins se séparèrent : le tsar vécut d’horribles perturbations, tandis que Mathilde connut la gloire d’une danseuse étoile et d’une mondaine. Elle eut une relation avec deux grands-ducs en même temps et vécut l’émigration à Paris, où elle décéda en 1971, neuf mois avant son centenaire.

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