Le «Dieu» du cinéma venu de Russie

Andrei Tarkovsky

Andrei Tarkovsky

Vostock Photo
Ses films ont été traduits dans des dizaines de langues et présentés dans les plus prestigieux festivals du monde entier, y compris au festival de Cannes. Lars von Trier lui-même appelait Andreï Tarkovski «Dieu». RBTH revient sur l'histoire mouvementée de cet artiste qui, face à la censure en URSS, trouvera de nombreux soutiens en Occident, et tout particulièrement en France.

Cinéma d’auteur contre cinéma commercial

Tarkovski a étudié et commencé à travailler durant le dégel khrouchtchévien. L’art occidental était enfin autorisé en URSS, et il devint possible d’accéder à des œuvres auparavant interdites. C’est précisément à ce moment-là que le réalisateur qui deviendrait un jour mondialement célèbre découvrit le néoréalisme italien et la Nouvelle vague française, qui lièrent son destin artistique au cinéma d’auteur.

Inspiré par Albert Lamorisse

Crédit : Kinopoisk.ruCrédit : Kinopoisk.ru

Le premier succès ne se fit pas attendre très longtemps. Le jeune Tarkovski s’inspira du Ballon rouge d’Albert Lamorisse, maître français du court-métrage, pour son premier projet La patinoire et le violon (1961). Le film impressionna le jury du festival du film étudiant de New-York par la souplesse de sa caméra et son travail sur les couleurs, et rapporta à son auteur son premier prix international.

Reconnu par Jean-Paul Sartre

À peine un an plus tard, Tarkovski présenta au public son premier long-métrage, L’Enfance d’Ivan. Cette œuvre fut à nouveau reconnue au plus haut niveau, recevant le premier prix du festival de Venise. Le film plut tellement à Jean-Paul Sartre que celui-ci vola à sa défense contre les attaques des critiques français. Tarkovski allait encore créer plusieurs films qui rejoindraient le panthéon des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma mondial.

Le réalisateur Andreï Tarkovski sourit et arbore son trophée du Lion d'Or, qu'il obtint pour son film L'enfance d'Ivan, au Festival du film de Venise en 1962. Crédit : Getty ImagesLe réalisateur Andreï Tarkovski sourit et arbore son trophée du Lion d'Or, qu'il obtint pour son film L'enfance d'Ivan, au Festival du film de Venise en 1962. Crédit : Getty Images

Un peintre d’icônes russes au festival de Cannes

L’histoire du célèbre peintre russe Andreï Roublev servit de base au film du même nom de Tarkovski. Pour tenter de reconstituer le destin tragique de Roublev, dont la biographie reste entourée de mystère, le réalisateur était prêt à tout : pour rendre son film réaliste, il filma mêmes les scènes les plus dures sans montage.

L’ambition du maître se retourna contre lui : le film fut mis à l’index par les dirigeants soviétiques, et l’auteur dut renoncer à plusieurs scènes. Ce n’est qu’en 1987 que le monde découvrit Roublev tel que Tarkovski l’avait envisagé. À l’époque, en 1969, il fut présenté hors-concours au public du festival de Cannes et reçut le prix FIPRESSI. Il sortit deux ans plus tard en URSS. Tarkovski revint plus tard à Cannes avec ses chefs-d’œuvre Solaris et Stalker.

Ses productions, financées en grande partie par Goskino, l'organe en charge de gérer la production cinématographique en URSS, firent néanmoins l'objet d'une importante censure dans son pays d'origine. Tarkovski n'aura donc de cesse de séjourner en Occident, où il rencontrera un fort soutien de la part des institutions et de grandes personnalités.

Il séjourna par ailleurs en Suède et en Angleterre, avant de finir ses jours à Paris, en 1986 des suites d'un cancer des poumons. Avant de s’éteindre, il souhaite avoir son fils Andreï à ses côtés, mais celui-ci n'est pas autorisé à sortir du territoire soviétique. François Mitterrand, alors président, fit parvenir à Gorbatchev une lettre dans laquelle il lui demanda de permettre la réunion du père et de son fils, requête qui fut satisfaite.

Sainte-Geneviève-des-Bois, tombe de ce maître du cinéma. Crédit : flickr / olya aleksandrovaSainte-Geneviève-des-Bois, tombe de ce maître du cinéma. Crédit : flickr / olya aleksandrova

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