Evgueni Grichkovets, le matelot devenu écrivain, acteur et réalisateur

Evgueni Grichkovets.

Evgueni Grichkovets.

Vyacheslav Prokofyev/TASS
Les critiques qualifient Evgueni Grichkovets de phénomène de l’art moderne russe. Écrivain qui a su mieux que quiconque décrire le train-train quotidien, il a habitué le public à considérer le spectacle non seulement comme une représentation, mais encore et surtout comme un dialogue intime sur ce qui compte dans la vie.

Parler clairement de choses simples

Après le lycée, Evgueni Grichkovets s’inscrit à la faculté de philologie de l’Université de Kemerovo (Sibérie occidentale). Il se produit dans des spectacles et joue au théâtre de pantomime. Durant sa deuxième année d’études, il part faire son service militaire dans la Flotte du Pacifique, dans l’île Rousski (Extrême-Orient russe).

Evgeni Grichkovets. Crédit : Vyacheslav Prokofyev/TASS Evgeni Grichkovets. Crédit : Vyacheslav Prokofyev/TASS

En 1998, Evgueni Grichkovets présente son premier one man show baptisé Comment j’ai mangé du chien, où il raconte au spectateur les aléas de son chemin vers l’âge adulte.

« J’ai simplement proposé au public de se réjouir du fait que nous vivons une vie universelle, au moins dans notre enfance et notre adolescence. Nous avons les mêmes idées sur la vie où qu’on habite. Avant moi, ni au théâtre, ni dans le monde personne n’a parlé ainsi au spectateur », a-t-il confié.

En 2000, le spectacle Comment j’ai mangé du chien a remporté le prix théâtral national Masque d’or de l’Innovation et le Prix des critiques. Il présentera le spectacle sur scène près de 600 fois.

Les quatre années suivantes, Evgueni Grichkovets devient le chouchou du public. Les critiques constatent que ses pièces reprennent les meilleures traditions de la littérature russe et nous renvoient à Tchékhov, Choukchine et Dovlatov.

« Je ne suis quand même pas un acteur »

Selon le critique littéraire Yan Shenkman, la prose d’Evgueni Grichkovets est le meilleur remède pour l’homme fatigué par la course de la vie dans laquelle il n’a pas un instant de répit, et où il n’a même pas le temps de jeter un coup d’œil dans la glace.

Dans son premier livre, La Chemise (2004), il entraîne le lecteur au fond des choses dans un long monologue et relate des histoires où, plein d’esprit et d’optimisme, le narrateur arrive à trouver une issue à toutes les situations difficiles.

Le roman La Chemise a été qualifié de Meilleur débutant de l’année en Russie et a été inscrit sur la liste des candidats au prix littéraire Booker russe.

« Je suis quand même un écrivain qui joue beaucoup au théâtre. Je ne suis quand même pas un acteur », a déclaré EvgueniGrichkovets.

Evgyeni Grichkovets dans son one man show. Crédit : Maxim Shemetov/TASSEvgyeni Grichkovets dans son one man show. Crédit : Maxim Shemetov/TASS

« Je ne suis pas du tout musicien »

En 2002, il enregistre un album de musique électronique avec le groupe Bigoudis. Il élabore le concept d’incrustation dans la musique de la voix d’un homme qui lit de petits essais prenant la forme de couplets. Par la suite, il coopèrera avec les groupes Mgzavrebi et Brainstorm.

« Je suis un artiste pas mauvais, mais je ne suis pas du tout musicien. Je suis interprète, ce n’est pas que je chante, mais dix ans de concerts donnent une grande expérience », a-t-il indiqué.

Un cinéma au sens profond

Evgueni Grichkovets a accepté de petits rôles dans La Promenade du réalisateur Alexeï Outchitel, dans L’Homme ne vit pas que de pain de Stanislav Govoroukhine, ainsi que dans les adaptations vidéo de ses spectacles.

« Nous avons besoin d’un cinéma original chez nous. Et obligatoirement un cinéma au sens profond », a-t-il affirmé.

Il a également présenté à la télévision son émission d’auteur, L’humeur avec Evgueni Grichkovets, où il lisait un monologue sur un sujet quelconque. En outre, il a écrit le scénario du mélodrame pour hommes Satisfaction et a interprété le rôle principal.

Chantre du bonheur et des mers du Nord

Durant l’été 2012, Evgueni Grichkovets a participé à l’expédition Arctique russe à bord du navire Professeur Moltchanov. Lors de la visite dans le parc national Arctique russe, dans l’archipel de Nouvelle-Zemble et l’archipel François-Joseph, il a tenu un journal et publié ses notes sur son site odnovremenno.ru.

« On peut bourlinguer, travailler du matin au soir, être fatigué et éreinté, avoir des problèmes financiers, être enrhumé et en même temps être heureux… absolument… pour la simple et bonne raison que quelqu’un nous attend, a-t-il écrit. Et pas n’importe qui, mais celle dont je rêve qu’elle m’attende. Parce qu’il y a aussi ceux qui attendent, mais qu’ils attendent. Je reviendrai bien ! ».

« J’ai compris à cet instant précis de qui je m’ennuyais. J’ai compris qui me manquait dans la vie. J’ai clairement réalisé pour qui je languissais d’amour depuis longtemps, me morfondant dans l’attente chaque jour. C’est quelqu’un de concret. Celui qui me manque, c’est moi. Moi, heureux ! », a-t-il avoué.

Lire aussi :

« On ignore tout de la conquête du Far East russe »

 

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies