Virginie Efira, Vincent Lacoste et Justine Triet à Moscou.
Vladimir Astapkovitch / RIA NovostiC’est la première fois que Victoria, une comédie de Justine Triet, quitte la France, ce qui fait que l’inauguration du festival est devenue symbolique pour les acteurs des rôles principaux, Virginie Efira et Vincent Lacoste, et la réalisatrice elle-même.
Les spectateurs ont avoué à RBTH qu’ils étaient venus non seulement pour voir un bon film et se reposer, mais aussi et surtout pour réfléchir à des choses complexes et trouver une note romantique. Le public russe a accueilli le nouveau film français avec un grand enthousiasme.
Selon l’un des organisateurs du festival, Joël Chapron, chargé des études et marchés de l’Europe centrale et orientale de l’association Unifrance qui assure la promotion du cinéma français dans le monde, les Russes comprennent le cinéma français et le connaissent très bien.
Il a rappelé que de nombreuses générations russes avaient grandi en compagnie du cinéma français et que les jeunes le connaissaient eux aussi, quoique moins bien. Dans une interview à RBTH, il a constaté que les stars françaises étaient célèbres en Russie.
« Tout film européen est un rayon de soleil dans le cinéma moderne, quand le monde entier reste hypnotisé par les blockbusters américains », a indiqué à RBTH Ekaterina, 19 ans, invitée du festival et future spécialiste de la culturologie.
« Le cinéma français est bien différent. Tout est autre, plus simple, un flirt léger est perçu comme partie intégrante de la vie, alors que chez nous il fait naître des questions sur la tentation. Ceux qui aiment sincèrement la France et sa culture le comprendront, surtout s’ils ont lu André Maurois ou Guy de Maupassant », a-t-elle fait remarquer.
Natalia, 29 ans, employée d’une maison d’éditions, est venue au festival à l’invitation de ses amis. « Je suis heureuse de la tenue de ce festival à Moscou. Il y a toujours des films que j’attends et il y en a d’autres qui étonnent. Cette année, c’est Dans les forêts de Sibérie », a-t-elle raconté.
Natalia se dit être une grande admiratrice de François Ozon. « Ses films, c’est de la pure magie ! J’aime beaucoup comme il travaille l’image. Mes amis et moi, nous repassons souvent ses films et nous en discutons ».
Les spectateurs étaient très animés en quittant la salle après la présentations de Victoria. « Je suis venu avec ma femme sans connaître les acteurs, a dit Andreï, scénariste de 39 ans. J’ai beaucoup aimé le film. Aucun stéréotype, aucune platitude. Je me suis complètement immergé dans la vie de Victoria, son personnage et moi nous nous sommes fondus. C’est un film très intime et je crois qu’il sera surtout cher aux plus de 30 ans ».
Andreï s’est félicité du jeu de Virginie Efira. « Elle joue admirablement, elle sait tenir la pause. En cas d’un film moyen, de telles choses sont dissimulées derrière le montage. Rien de tel ici ».
La réalisatrice Justine Triet s’est dite surprise par la réaction des spectateurs russes. « La réaction du public russe était très forte et variée. Les spectateurs russes sont très passionnés. Ça fait du bien ! C’est un publiс doux, ils expriment très fortement ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas et c’est très agréable pour moi, a-t-elle noté.
Ce que j’ai aimé, c’est qu’il y avait des questions poétiques plus que d’habitude, des questions beaucoup plus complexes et étonnantes que ce que j’entends souvent ! Il avait aussi la réflexion sur la femme, c’est une chose importante. Et aussi j’apprécie que finalement les gens s’interrogent sur la façon de la représentation d’un homme au cinéma, je parle de la nouvelle manière de présenter un homme. Le public russe a ressenti ça ! »
Pour les acteurs et la réalisatrice, cette démonstration est l’une des premières parmi celles qui auront lieu ces prochains jours dans des grandes villes de Russie. Ainsi, Victoria sera présentée vendredi au festival du cinéma français à Ekaterinbourg, au Centre Eltsine. Joël Chapron a indiqué qu’il déployait une activité intense pour que le public russe puisse faire connaissance avec le cinéma français.
La politique vient parfois s’ingérer dans la coopération culturelle entre les deux pays, a-t-il constaté, en ajoutant qu’il faisait de son mieux pour s’y opposer. Joël Chapron a dit espérer que les films français continueraient d’être projetés en Russie, malgré les difficultés politiques provisoires.
La prochaine première qui se tiendra dans le cadre du festival à Moscou sera le film L'Odyssée.
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