Sur les traces du peintre Vassili Polenov

Общий вид на музей в усадьбе художника Поленова

Общий вид на музей в усадьбе художника Поленова

Lori/Legion-Media
Le domaine de Polenov organise une semaine de la francophonie. C’est l’occasion de découvrir cet endroit pittoresque, choisi par le peintre Vassili Polenov à la fin du XIXe siècle pour y construire sa maison-musée. Avec ses amis du mouvement des Ambulants, il voulait rendre l’art plus accessible aux masses. Marqué par ses rencontres à Paris et sa découverte des paysages normands, l’artiste reste encore méconnu en France, où résident certains de ses descendants.

Maison-musée Polenovo. Crédit ; Lori/Legion-MediaMaison-musée Polenovo. Crédit ; Lori/Legion-MediaUne demeure éclatante de blancheur, sur une colline boisée surplombant l’Oka, affluent de la Volga : le peintre Vassili Polenov, architecte à ses heures, a reproduit à sa manièredans la région de Toula la maison de son enfance carélienne. Il la construit à la fin du XIXe siècle pour accueillir sa famille, mais aussi un centre artistique et culturel, accessible au peuple. C’était son rêve, réalisé grâce à la vente en 1884 de son tableau Le Christ et la pécheresse au tsar Alexandre III pour 30 000 roubles, une somme astronomique à l’époque.

Vassili Polenov. Crédit : Wikipedia.orgVassili Polenov. Crédit : Wikipedia.org

Adoptant un mode de vie plutôt modeste, il consacre une grande partie de sa fortune à éduquer les villageois alentours – une approche civilisatrice fidèle à sa tradition familiale. Les Polenov fondent des écoles, organisent des excursions à Moscou, s’investissent dans le théâtre populaire, gagnant le respect de la population locale. Un diorama créé par le peintre est encore présenté aujourd’hui aux visiteurs : des tableaux « transparents » qui changent d’aspect en fonction de l’éclairage, par-devant ou par-derrière, et font voyager les spectateurs autour du monde. Durant la guerre civile, les paysans protègent le domaine.

Né en 1844 dans une famille d’intellectuels, noble et humaniste, Vassili Polenov développe très tôt son talent pour la peinture, couronné par la grande médaille d’or de l’Académie des Beaux-Arts. Le « bureau » du musée est consacré à ses œuvres de jeunesse, comme Le Châle multicolore. Il travaille souvent sur les mêmes modèles que son grand ami Ilia Répine, avec un point de vue différent. Doté d’une bourse d’études, lettres de recommandation en poche, le jeune Polenov part perfectionner son art en Europe. Il peint des scènes historiques (L’Arrestation de la huguenote, 1875), de la vie moderne (Lassalle donnant une conférence au club des  travailleurs, inachevé), des portraits (Libellule, 1875), des natures mortes…

Photo d'archives. Crédit : Association Vassili PolenovPhoto d'archives. Crédit : Association Vassili Polenov

Sous la protection du peintre de marines Alexeï Bogolioubov, il rencontre à Paris les grands noms du monde de l’art, dont les écrivains Ivan Tourguéniev et Ernest Renan, sources d’inspiration. Mais surtout, Vassili Polenov découvre la peinture de plein air, dans la nature, près de Veules-les-Roses où des artistes russes louent une maison (Le Cheval blanc, 1874).La station balnéaire a d’ailleurs inauguré l’an dernier un square à son nom. Les paysages normands sont une révélation. Outre les scènes de la vie quotidienne, c’est dans cet exercice qu’il s’accomplira. L’une de ses pièces maîtresses, L’Automne d’or (1893), est présentée dans la « salle des paysages ». Dans l’ancienne menuiserie du domaine, une exposition temporaire metaussi en lumière ses liens avec la France, à travers certaines de ses œuvres, jusqu’au 31 août 2016.

De retour au pays après six ans d’absence, la joie de Polenov resplendit dans sa Courette moscovite (1878). Il adhère au mouvement des Ambulants. Leur philosophie : restituer l’art au peuple, notamment par des expositions itinérantes, et dénoncer ses conditions de vie à travers une peinture réaliste et compréhensible. Le peintre fréquente le cercle d’Abramtsevo, surnommé le Barbizon russe, où il rencontre sa future femme. Dans la « bibliothèque » du musée, une étude offerte par Répine pour son mariage représente la maison de cette propriété foisonnante d’artistes, qui sera un modèle pour son propre centre culturel. Dans cette pièce, également galerie de peinture, il n’hésite pas en soirée à barrir bruyamment comme un éléphant pour amuser les enfants.

A l’étage, dans la « salle de travail », se trouve une première version au fusain de l’œuvre de sa vie, Le Christ et la pécheresse. Loin de correspondre aux canons habituels, en particulier le visage humain donné au Christ, le tableau fait scandale, mais son acquisition par le tsar fit accepter la rupture. Le thème biblique, la rédemption notamment, inspire fortement l’artiste. Pour son cycle évangélique, il voyage au Moyen-Orient et en Egypte. Des esquisses sont exposées dans une petite dépendance, surnommée « l’abbaye ». C’est dans cet atelier que Polenov passe ses journées, à la fin de sa vie. Dans les souvenirs de ses enfants, il se contentealors d’une pomme pour tout repas et distribue avec plaisir ses études à ses amis.

Le Christ et la pécheresse. Wikipedia.orgLe Christ et la pécheresse. Wikipedia.org

Le domaine de Polenovo devient le premier musée national, en 1918. Aujourd’hui, sur ces 88 hectares, ses descendants contribuent à conserver vivante sa mémoire auprès des visiteurs. Derrière le moindre détail se cache une histoire passionnante autour du peintre, de son œuvre ou ses inspirations. Lui-même repose en paix depuis 1927 près d’une petite église, dominant l’Oka.

En savoir plus sur la Semaine de la francophonie à Polenovo

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