Directeur de l’Ermitage : « Palmyre doit être restaurée »

Le tarif douanier de Palmyre conservé au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

Le tarif douanier de Palmyre conservé au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

www.hermitagemuseum.org
L’armée syrienne est aux abords de la célèbre Palmyre grâce au soutien des forces aériennes russes, a déclaré l’ambassadeur syrien à Moscou Riyad Haddad. Si Palmyre est libérée, sera-t-il possible de la restaurer ? Nous avons posé la question au directeur du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, Mikhaïl Piotrovski.

RG : Nous continuons à aider la Syrie à libérer Palmyre. Cette mission revêt-elle une symbolique spéciale, désormais culturelle ?

Mikhaïl Piotrovski : Si l’on parvient à libérer Palmyre, on aura une histoire de guerre absolument saisissante pour la libération de cette ville. Je ne pense pas que l’état-major et le président [russes, ndlr] planifiaient leur opération dans l’objectif de libérer Palmyre, mais il se trouve, et c’est mystique, que si nos troupes y étaient, elles n’auraient pas laissé les fanatiques s’approcher de Palmyre.

Évidemment, nos troupes ont aidé et continuent à aider à libérer Palmyre au plus vite. Si cela marche, nous aurons une énième preuve que les droits de la culture sont au-dessus de tout et qu’au final, nous nous battons pour la culture.

Si notre opération conduit à la libération de Palmyre, il n’y aura rien de plus beau dans les annales de l’histoire russe au Proche-Orient et près de la Terre Sainte. Pardonnez-moi cette emphase, mais c’est ainsi.

RG : Sera-t-il possible de restaurer Palmyre, détruite par les fanatiques ?

M.P. : Vous savez, je vis dans une ville qui a restauré de nombreux palais à partir de rien [après le siège de Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale, ndlr]. Bien sûr, l’ampleur des destructions à Palmyre est immense, mais il faut absolument la restaurer, c’est important.

C’est possible, car la ville a déjà connu des restaurations et des reconstructions. Aujourd’hui, nous devons surtout restaurer la connaissance de Palmyre, créer de nouveaux musées qui parleraient de Palmyre, la restaurer d’abord virtuellement.

Que faisons-nous ? Nos bénévoles ont créé un jeu d’ordinateur Le Marché de Palmyre. Ici, à l’Ermitage, nous conservons le tarif douanier de Palmyre – une grande dalle avec des inscriptions en grec et en araméen. Il est conservé uniquement parce qu’il a été autrefois remis à notre musée.

Crédit : Denis Vyshinsky / TASSCrédit : Denis Vyshinsky / TASS

Son histoire pourrait également faire l’objet d’un jeu sur la vie de l’ancienne Palmyre, avec les prix de tel ou tel objet ou les caravanes qui venaient dans la ville. Nous ferons également des reconstructions holographiques des monuments de Palmyre.

En mai, nous ouvrirons notre Intermuseum, un étage entier de la section de l’Ermitage y sera consacré à l’État-major et à Palmyre. Il faut savoir que l’arc de l’État-major est le même que l’arc de Palmyre, qui relie deux directions différentes… Saint-Pétersbourg ne porte pas seulement le nom de « Palmyre du Nord », mais présente également des similitudes architecturales avec Palmyre.

Bien sûr, il faut la restaurer, comme nous avons restauré Pouchkine et Tsarskoïe Selo. Il faut le faire pour remonter le moral de la population syrienne, mais également celui de l’humanité tout entière.

L’histoire de Palmyre compte désormais cette terrible tragédie liée à sa destruction. Cette tragédie doit être utilisée pour le bien de l’humanité, comme nous avons utilisé la tragédie de la destruction de TsarskoïeSelo, Pavlovsk, Peterhof. Les gens pleurent toujours dans ces palais à la vue des photographies des gravissimes destructions.

Les monuments de Palmyre à l’Ermitage

La collection de Palmyre de l’Ermitage comprend dix pierres tombales, plusieurs fragments de sculptures, une grande dalle portant des inscriptions en grec et en araméen – le tarif douanier de Palmyre, ainsi que plusieurs petits objets – des tessères et des pièces de monnaie. Le tarif douanier de Palmyre – quatre dalles avec des inscriptions d’un poids total de 15 tonnes – est un cadeau diplomatique. Le relief fut découvert par un archéologue amateur, le prince Abamelek-Lazarev, lors de son voyage à Palmyre en 1882.

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