Olga Kisseleva, une artiste russe engagée pour le climat

Urban DataScape

Urban DataScape

Archives personnelles.
La COP21 s’annonce aussi comme une plateforme de mobilisation artistique dont le but est d’appréhender la complexité des défis climatiques via des approches créatives.

Invitée sur les Berges de Seine dans le cadre d’ArtCOP21, un programme-relais des meilleures initiatives culturelles visant à sensibiliser sur le climat en marge du sommet de l’ONU, Olga Kisseleva porte une réflexion moderne sur les enjeux climatiques et les problématiques liées à l’espace urbain.

Un code-barres géant pour « naviguer » dans tout Paris

Olga Kisseleva. Archives personnelle

Diplômée de l’Académie d’art et d’industrie Stiglitz de Saint-Péterbourg, elle s’installe en France au milieu des années 1990. Maître de conférences à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, elle est fondatrice du laboratoire Art & Science qui joue un rôle pionnier dans le domaine de la création contemporaine et de la recherche.

L’artiste russe a imaginé Urban DataScape, une installation multimédia interactive qui oscille entre le réel et le virtuel. Conçue en forme de code Datamatrix monumental, l’ œuvre permet, une fois scannée via un smartphone, de se connecter à une sorte de « paysage des données » offrant aux promeneurs la possibilité de naviguer virtuellement dans tout Paris.
Pionnière dans cette dimension de l’art numérique, Olga Kisseleva explore ici le « langage parisien », au travers des couleurs et codes artistiques de la ville. Composée de cubes en bois recyclés, l’œuvre est un clin d’œil aux impressionnistes, et pas seulement parce qu’elle est exposée à côté du Musée d’Orsay. Les pixels de bois en exposition sont une version moderne du pointillisme, courant artistique issu du néo-impressionnisme.

Questionnement urbain et art militant

Grâce à des onglets qui permettent de trier les diverses informations (historiques, écologiques, économiques) en trois volets, Paris, Monde et Web, l’œuvre-application devient autant un champ de connaissances qu’un espace de questionnement sur la multiplication des données informatiques, leur fonction et la place de l’art dans le monde d’aujourd’hui.

« Les données dévoilées sont reliées aux thématiques de la COP21 : on y retrouve des informations réelles sur le climat, l’écologie, la qualité de l’air et de l’eau et les émissions de CO2 en temps réel, explique Olga Kisseleva. L’objet dans sa fonction représente, au-delà de sa présence plastique, un labyrinthe symbolique. Or, le rôle de l’art dans la société est de nous faire sortir de ce labyrinthe ».

À la fois ludique et visuelle, l’installation est une « pièce militante » qui a pour rôle de sensibiliser la population aux enjeux climatiques et environnementaux. L’artiste ne doute pas d’avoir choisi la bonne méthode pour favoriser une prise de conscience du public. « Le langage numérique que j’utilise est aussi celui que tout le monde parle au quotidien », précise-t-elle à RBTH. 

Derrière le numérique, l’humain 

Ce qui intéresse Olga Kisseleva et qui se reflète dans ses œuvres, ce sont les problématiques auxquelles est confrontée la société. L’environnement, les nouvelles technologies et leur impact, mais aussi l’histoire et les sciences sont autant de préoccupations contemporaines dont elle s’empare.

Dans sa démarche et sa quête artistiques, elle expérimente beaucoup, en repoussant les limites qui séparent l’art de représentations purement matérielles. Ayant choisi de s’exprimer à travers des installations interactives où l’inspiration se nourrit des médias et de la science, Olga Kisseleva dispose d’une palette très variée faisant notamment appel à l’Internet, la réalité virtuelle et d’autres techniques de communication. 

L’artiste explique ainsi son choix : « avec les nouveaux outils qu’il a acquis, l’homme a accéléré le processus évolutif dans de nombreux domaines, notamment celui de la destruction de la nature. Mais dans le même temps, ces mêmes outils nous permettent de déployer notre intelligence pour repenser notre relation à la nature et la reconstruire ». Une démarche artistique à la fois scientifique et intuitive, qui s’aventure au-delà d’une pensée binaire.

Olga Kisseleva expose régulièrement en France et Russie. Sa prochaine exposition, Self Organisation, explorera le monde de l’après-pétrole. Elle sera présentée en décembre au musée d’art contemporain Garage, à Moscou.

Pour retrouver Urban DataScape, rendez-vous sur les Berges de Seine, à proximité du pont de la Concorde (arrêt bus et RER C “Musée d’Orsay”). Du 4 au 10 décembre, l’œuvre sera présentée au Grand Palais dans le cadre de l’exposition Solutions COP21.

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