« La danse classique avant tout ! »

Crédit : Pavel Smertin / TASS

Crédit : Pavel Smertin / TASS

Vladimir Ourine a été nommé directeur général du Bolchoï en juillet 2013, à l’issue de la saison la plus houleuse de l’histoire du théâtre. Le directeur du Ballet du Bolchoï, Sergueï Filine, a été agressé à l’acide en janvier 2013. Le commanditaire présumé du crime, Pavel Dmitritchenko, a été arrêté au mois de mars. Le danseur étoile Nikolaï Tsiskaridzé a quitté le Bolchoï en juin, suite à des divergences dans le théâtre. Vladimir Ourine a donné une interview au journal Kommersant pour évoquer le répertoire, les cadres, la chorégraphie moderne et le pouvoir.

Au cours des dix-huit mois que vous avez passés à la tête du Bolchoï, la structure du pouvoir y a radicalement changé. Désormais, c’est vous, le directeur général, qui contrôlez le répertoire du théâtre.

Il faut comprendre que c’est avant tout le directeur général qui est responsable du résultat de la politique artistique. J’examine toutes les décisions avec mes collègues. Concernant le ballet, avec Sergueï Filine, s’il est question d’opéra, avec Tougan Sokhiev. Ce sont eux qui signent l’affiche.

Et si l’un d’eux n’est pas d’accord avec moi, je ne m’entêterai jamais à faire adopter ma décision. Nous avons déjà concerté l’affiche de la saison 2015/2016, aussi bien les premières que le répertoire courant. Nous avons pratiquement préparé la saison 2016/2017.

Quelles sont les causes des conflits qui ont déchiré le Bolchoï ?

Les plus basiques, celles qui existent dans tous les théâtres. La lutte des ego, les questions sociales, les problèmes liés à la présence dans le répertoire, car la carrière d’un artiste, surtout de ballet, est très courte, et tout le monde s’en rend compte. Je crois qu’à présent, nous avons trouvé un cadre plus civilisé de relations.

La commission de la culture de la Douma a déclaré récemment qu’il était nécessaire de vérifier la politique qui permet de former les prix des billets au Bolchoï. Les députés estiment trop élevés des chiffres de 5 000-15 000 roubles (65-200 euros). Par exemple, l’Opéra de Paris affiche les prix sur son site, tandis que les spectacles se divisent en trois grands segments : les grands classiques sont les plus chers et les mises en scène expérimentales de nos contemporains sont les moins chères. Au Bolchoï, si tous les billets ont été vendus, il est impossible de connaître le prix : il n’y a aucune information.

Chez nous aussi, les spectacles sont répartis en genres (les représentations classiques sont les plus chères), mais nous tenons également compte de la demande. Nous afficherons obligatoirement les genres et les prix sur notre site.

Vous présentez cette saison tous les ballets des chorégraphes occidentaux de danse contemporaine : Wayne McGregor, William Forsythe, Jorma Elo et Jiri Kylian. Joyaux de George Balanchine ne sera donné que lors de votre tournée à Hong Kong. Le programme mise sur les classiques ?

Pas tout à fait. Il y a des spectacles qui ne font plus partie du répertoire pour des raisons objectives, par exemple la fin d’une licence ou l’absence d’artistes. Mais ma position est ferme, et elle est concertée avec Sergueï Filine : avant tout les classiques, ensuite le meilleur du XXe siècle et enfin la danse du XXIe siècle.

Il n’y a peut-être personne pour enseigner ? Sur les vingt pédagogues du Bolchoï, qui interviennent dans le cadre de l’enseignement artistique du répertoire aux artistes, tous sont des experts du ballet classique. Un seul peut travailler dans la chorégraphie moderne, par exemple, Yan Godovski. Il y avait aussi Anastasie Yatsenko, mais elle a quitté le théâtre.

C’est exact. Avec un vecteur pédagogique axé exclusivement sur le ballet classique, nous ne bougerons pas du point mort. Nous en avons sérieusement parlé avec Sergueï Filine. Nous avons l’intention de signer des contrats occasionnels avec Anastasie Yatsenko. Et nous espérons trouver des pédagogues dans la troupe.

Nous pensons relancer La Symphonie de psaumes de Jiri Kylian et Les Saisons russes d’Alexey Ratmansky. Et pas seulement Les Saisons russes, car je compte sur sa nouvelle mise en scène pour la saison 2016/2017.

Avec vous, le conseil de tutelle du théâtre a accueilli dans ses rangs des fonctionnaires, notamment le ministre de la Culture Vladimir Medinski et la vice-première ministre Olga Golodets. L’État veut-il contrôler son théâtre ?

C’est mon idée à moi. Car notre budget est formé principalement avec l’argent de l’Etat. Et il est important pour moi, en tant que directeur du théâtre, que ces fonctionnaires soient membres du conseil et qu’ils sachent ce qui se passe au Bolchoï. Ma proposition a été soutenue par les membres du conseil. Nous n’avons pas coopté des personnalités concrètes, nous avons institué des postes.

Source : Kommersant.ru

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