Pierre Richard : «Les Russes savent qui je suis, mais en plus, ils m’aiment!»

Crédit photo : Getty images / Fotobank

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Chaque été, de juillet à septembre, l’un des acteurs français préférés des Russes, Pierre Richard, troque son costume de scène pour se consacrer à son domaine dans le sud de la France, le Château Bel Evêque, où il vinifie et élabore lui-même l’assemblage de ses vins. Durant tout le mois d’août, il organise des séances de dédicaces, au plus grand bonheur des touristes russes de passage dans la région.

En 1986, Pierre Richard découvre la beauté sauvage des paysages des Corbières et son vin de caractère. C’est au bord de la Méditerranée, près de Gruissan, sur l’île Saint-Martin, qu’il acquiert une petite propriété et ses 20 hectares de vignobles, bordés de garrigue et d’étangs.

Dans ce lieu rempli de charme et d'authenticité où il s’apprête à célébrer ce 16 août son 79ème anniversaire, Pierre Richard a accepté de se confier à La Russie d’Aujourd’hui.

Lorsque vous achetez le domaine Bel Evêque, il y a plus d’un quart de siècle, cette région fait encore partie des lieux réputés sauvages en France. Qu’est-ce qui vous a attiré et convaincu d’acheter des terres ici ?

Au départ, je n’avais pas de projet d’achat, et encore moins celui d’un domaine viticole. J’étais parti en week-end, histoire de me changer les idées. Et quand j’ai vu la propriété, ce n’est pas tant la maison, qui n’est pas exceptionnelle, qui m’a plu.

Ce ne sont pas non plus les vignes, auxquelles je ne m’intéressais pas vraiment. C’était l’eau: les étangs, la mer ! Ce n’est que plus tard, en discutant avec un œnologue de la région qui était aussi régisseur à l’époque, que je me suis intéressé au vin. Je me suis dit : « Finalement, c’est un beau métier ! »

Mais curieusement, à l’époque, les Corbières est un terroir absolument méconnu...

C’est exact. Ou plutôt non, les vins des Corbières étaient connus, mais avec une pas très bonne réputation. Depuis 25 ans, les choses ont beaucoup changé. Les fils des viticulteurs de la région ont compris que les Français boivent moins de vin, mais qu’ils boivent mieux. Donc il fallait suivre cette tendance. Et je suis moi-même entré dans cette phase ascendante de la réputation du Corbière.

Les gens reconnaissent aujourd’hui qu’il y a de très bons Corbières, dont le mien fait parti. Je m’y suis pris de goût. C’était un challenge pour moi de faire du vin, du bon vin, le meilleur possible, et on continuera encore à faire des progrès...

Je ne voulais surtout pas qu’on me dise, vous voulez un conseil, restez dans le cinéma et arrêtez de faire du vin. J’ai réussi à faire les deux.

Finalement, c’est plutôt un succès. Vous accueillez de nombreux Français...des Russes aussi ?

Beaucoup de Russes viennent au Domaine, c’est incroyable! Il paraît qu’ils viennent de Barcelone. Barcelone-Carcassonne-Pierre Richard : je fais parti du tour opérateur! [rires] A moi tout seul. Après Carcassonne, quel honneur!

Avez-vous l’intention de commercialiser vos vins en Russie ?

C’est déjà le cas. L’année dernière, j’ai commencé à commercialiser mon vin à Saint-Pétersbourg, et en septembre, j’y retourne pour lancer une action commerciale à Moscou.

Comme vous le savez sans doute, vous êtes l’une des personnalités françaises préférées des Russes, y compris chez la jeune génération. On se souvient de votre premier passage à Moscou, et notamment de votre rencontre avec Mikhaïl Grobatchev... Quelle a été votre première impression de la Russie ?

La première impression que j’ai eu, c’était d’abord un énorme étonnement, parce que même si j’étais entouré de plein de gens du cinéma français, des acteurs, des metteurs en scène, j’ai eu rapidement l’occasion de m’apercevoir que les Russes m’aimaient beaucoup...

Je suis arrivé un dimanche, et la première chose que tout le monde a eu envie de visiter, c’est la tombe de Tchékhov. Le chauffeur du car est allé voir la concierge du cimetière qui lui a dit : « C’est fermé le dimanche ». « Ah, c’est dommage parce qu’il y a là M. Pierre Richard... ». « C’est ouvert ! ». Et j’ai compris qu’effectivement, j’étais très populaire sans le savoir.

Depuis le temps, j’ai pu le constater un peu partout en Russie : Samara, Novossibirsk, Mourmansk...

Avez-vous quelques souvenirs liés à la Russie et aux Russes qui vous ont particulièrement émus ?

Un jour, toujours lors de ce premier voyage, j’étais sur la place Rouge, minuit avait passé, il faisait -30. Il n’y avait personne. Et puis trois babouchkas soviétiques sont arrivées, et elles m’ont touché en pleurant. Je me suis alors aperçu que les Russes connaissaient les acteurs français, mais qu’il y avait quelque chose de plus avec moi, c’est une affection.

L’une d’elles m’a alors dit : « Vous étiez la petite lumière dans notre tunnel noir ». C’était joli et touchant !

Et puis il y a autre chose: c’est que, quelque part, on se ressemble un peu. Le peuple russe est très excessif dans sa douleur ou dans sa joie. J’ai une tendance à être également excessif dans ma douleur ou dans ma joie, et à passer comme lui de l’un à l’autre en deux secondes, alors peut-être qu’on se retrouve. Au fond, c’est une question de sensibilité.

Vous êtes en tournée jusqu’en 2014 un peu partout en France avec votre dernier spectacle, Pierre Richard III. Est-ce que vous comptez vous produire en Russie ?

Justement, on est en train de voir si c’est possible. Tout dépend des accords qu’il y a entre mon producteur français et la Russie. Je pense que cela se fera avec l’Alliance française. Peut-être j’irai à Moscou, peut-être à Saint-Pétersbourg.

Est-ce que je ferais une tournée aussi belle que la précédente en Sibérie ? Nous verrons, parce que c’était fabuleux: arriver dans des villes aussi lointaines, aux paysages aussi étonnants, avec des théâtres de mille places pleines, c’est particulièrement émouvant.

Et des projets dans le cinéma peut-être ?

Oui, aussi. L’année prochaine, après ma tournée.

Et qu’en est-il des rumeurs selon lesquelles vous aviez émis le souhait d’ouvrir un restaurant et même de produire votre propre vodka ?

Alors là, ce n’est pas moi qui ai émis le souhait, ce sont des tas de Russes ! Des producteurs russes me proposent des choses merveilleuses et puis je n’en entends plus jamais parler! [rires] Je ne vais tout de même pas courir après!

Sur ce plan-là, je connais bien les Russes: sur dix projets, il n’y en a souvent que deux qui se concrétisent.

Et aujourd’hui, à travers tous ces projets, comment voyez-vous la Russie ?

C’est sûr, ça a bien évolué depuis. Moscou est plus illuminée à deux heures du matin que Paris. Le problème, c’est que bien souvent, il ne s’agit que de Moscou et de Saint-Pétersbourg... Le reste disparaît un peu dans l’immensité du pays.

Dans trois jours, vous fêterez votre 79ème anniversaire. Où ? Comment ? Avec qui ?

Je le fête ici, au Domaine. Je n’en fais pas trop cette année parce que plus les années passent, et moins j’ai envie de le faire. On invite toujours 20-25 personnes... Cette année, on sera 8 ou 9, et ça me suffit. D’autant que j’ai énormément travaillé l’année dernière et que je veux me reposer !

Le caveau du Château Bel Evêque est ouvert toute l’année du lundi au samedi. Jusqu’au 5 septembre, Pierre Richard dédicace ses vins chaque mardi et jeudi de 18h00 à 19h30.

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