Gorodki: la renaissance d’un jeu traditionnel russe

Crédit photo : ITAR-TASS

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Populaire en Russie depuis le XIXème siècle, le jeu traditionnel de gorodki est d’abord devenu un sport à part entière, puis a été oublié, et connaît maintenant une renaissance. Quelles sont les règles du jeu et pourquoi est-il si saisissant? Les amateurs des gorodki nous ont fait découvrir leurs impressions.

Un athlète s’apprête à lancer sa batte. Devant lui, une figure bizarre composée de plusieurs petits bâtons cylindriques. 

L’on joue aux gorodki, jeu traditionnel russe. Le but est de lancer une batte pour envoyer en dehors du terrain (baptisé gorod, « ville ») cinq petits cylindres en bois (gorodki, « petites villes »), en effectuant le moins de coups possible. Les gorodki mesurent 20 cm de longueur pour un diamètre de 4,5 à 5 cm et forment une figure au gorod.

Le participant lance d’abord sa batte depuis une distance de 13 mètres du gorod (cette distance est appelée kon). S’il réussit à envoyer en dehors du gorod au moins un des gorodki, le reste des coups sont effectués depuis la distance de 6,5 m (poloukon). Quand tous les gorodki sont en dehors du terrain, le joueur passe à l’étape suivante, en essayant de faire tomber une autre figure, plus difficile à frapper. 

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Les gorodki comprennent au total 15 figures, dont « le canon », « la fourche », « l’étoile », « l’écrevisse », « l’avion » et d’autres. Pour gagner, il faut faire tomber et envoyer en dehors du gorod toutes les 15 figures le plus vite possible. Les gorodki peuvent être un sport individuel (épreuve tête-à-tête) ou collectif. 

Le gorod représente un carré de 2 mètres de côté. La batte lancée par les joueurs doit mesurer au maximum un mètre de longueur et est habituellement fabriquée en chêne, en aubépine ou en cornouiller. 

Il est strictement interdit de toucher la ligne de faute où la terre avant elle avec la batte, franchir la ligne de faute ou de passer plus de 30 secondes en se préparant pour le lancer. Ces fautes sont pénalisées en points : le joueur ne reçoit rien pour sa tentative, et les gorodki sont réinstallés sur le terrain. 

L’origine du jeu remonte au début du XIXème siècle; c’était les paysans russes qui ont inventé son prototype. Plus tard, au XXème siècle, le jeu se modernise : l’on joue sur le béton ou l’asphalte, avec des battes renforcées en métal.

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En 1928, les gorodki furent inclus au programme des premières Spartakiades des peuples de l’URSS. Le règlement du jeu a été complètement établi en 1933 : l’on a notamment limité à quinze le nombre de figures. 

Au cours des années 1960 et 1970, les gorodki deviennent un jeu très populaire en URSS. L’on pouvait voir des terrains de jeu aux stades, dans les maisons de vacances et dans les cours, ainsi qu’aux environs des usines.

Puis, le public oublie progressivement le jeu, mais depuis les années 1990 les gorodki font leur retour : l’on crée notamment la Fédération internationale des gorodki (MFGS), qui réunit la Russie, l’Estonie, la Moldavie, la Lettonie, la Suède, l’Allemagne, l’Ukraine, la Finlande et la Biélorussie

Parmi les amateurs du jeu figuraient les écrivains Léon Tolstoï et Anton Tchekhov, les leaders soviétiques Vladimir Lénine et Joseph Staline, le célèbre physiologiste Ivan Pavlov et le chanteur Fiodor Chaliapine. Le président russe Vladimir Poutine, le maire de Moscou Sergueï Sobianine et le ministre russe des Sports Vitaly Moutko, eux aussi, jouent régulièrement aux gorodki. 

Malheureusement, certaines villes russes n’ont pas de terrains de jeu ni d’entraîneurs de gorodki. Anna Tomachevitch, la jeune entraîneuse de l’équipe féminine de gorodki de la ville de Nijni Novgorod, dit que le jeu n’est pas encore assez populaire en Russie : « Nous n’avons pas assez de fonds pour effectuer la promotion du sport, pour expliquer au public que les gorodki ne sont pas morts ».

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Presque tous les joueurs de gorodki sont arrivés dans le sport grâce à leurs amis ou leurs proches. Daniil Maerovski, joueur de l’équipe de la ville de Prioziorsk, a tenté de lancer la batte pour la première fois en assistant à l’entraînement de son ami.

Puis, il a commencé à fréquenter le club et est devenu peu à peu un joueur : « J’ai tout de suite aimé les gorodki. J’ai trouvé ici beaucoup d’amis, et en plus, c’est un sport qui améliore notre santé et nous rend plus forts ».

 Bien évidemment, il est peu probable que les gorodki deviennent aussi populaires que le football ou le tennis, mais le sport a sans aucun doute son audience qui ne cesse d’augmenter.

Cet été, des terrains de gorodki seront installés dans tous les parcs moscovites. 

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