« La mode russe n’est pas assez ouverte sur le monde »

Timur Kim, jeune couturier pétersbourgeois fraîchement diplômé de la Central Saint Martins de Londres, vient de présenter sa nouvelle collection à Moscou.

Crédit photos : Elena Potchetova, Antonio Fragoso

C’est à l’âge de 17 ans que Timur Kim a quitté Saint-Pétersbourg, sa ville natale, pour rejoindre la prestigieuse école de stylisme londonienne, la Central Saint Martins.

En première année, il effectue un stage dans la Maison Alexander McQueen, puis est récompensé par Pringle of Scotland et Chloé pour sa collection de fin d’études. 

« Le stage était comme une immersion dans le monde des arts. J’ai observé comment l’art pouvait s’exprimer dans un vêtement. Le plus difficile mais aussi le plus intéressant a été le travail autour des motifs. J’ai appris à travailler le dessin textile, à lui donner vie. J’ai compris comment le vêtement s’accordait au corps féminin », se remémore Timur Kim.

A aujourd'hui 23 ans, Timur a déjà travaillé pour des marques comme Pringle of Scotland et Oliver Sweeney. « J’ai travaillé chez Pringle of Scotland durant mes études sur leur tout premier projet d’archivage. Nous faisions des sortes de collages présentant leurs pulls les plus célèbres. J’utilisais des couleurs claquantes dans le style pop-art : du bleu électrique, du rouge et du vert très vifs ».

Le jeune couturier puise son inspiration dans la stylistique soviétique et l’avant-garde russe, mais il utilise aussi les détails du plafond de l’Ermitage. Le 15 février 2013, sa collection automne-hiver 2013-2014 a été présentée à la Semaine de la mode à Londres et en avril à Moscou.

Les chaussures pour le défilé ont été fabriquées en collaboration avec la célèbre marque Oliver Sweeney.

« Je ne voulais pas de chaussures à talon mais des brogues avec des imprimés originaux. Dans un mois, cette collection sera en vente dans tous les magasins Oliver Sweeney. Il y aura aussi une série d’accessoires pour homme : écharpes, foulards, porte-monnaie imprimés « boîtes de caviar » », annonce Timur Kim.

Quelles ont été vos inspirations pour cette collection automne-hiver 2013-2014 ?

Je ne peux pas dire que je m’attache à une inspiration concrète, je n’ai pas d’idée directrice fixe. C’est une combinaison entre ma vision de la femme, de ce que j’aimerais la voir porter, de ce que moi je mettrais si j’étais une femme.

Il y a parfois aussi des images qui reviennent comme l’exposition d’art soviétique à la galerie Saatchi de Londres. C’est de là qu’est né mon imprimé « caviar ». Parallèlement, j’avais envie de quelque chose de radicalement différent, d’où les imprimés avec les motifs décoratifs des plafonds de l’Ermitage.

Quels marchés visez-vous?

D’abord la Grande-Bretagne, l’Europe et la Russie pour ensuite déboucher sur les États-Unis. La marque Opening Ceremony s’intéresse déjà à nous, nous sommes en négociation.

La marque Timur Kim est-elle aujourd’hui rentable ?

Nous présentons nos collections pour la deuxième fois seulement. J’ai terminé Saint Martins il y a tout juste un an. Nous sommes au stade du développement, mais je pense que nous allons dans la bonne direction.

Nos vêtements se vendent déjà à Londres, à Saint-Pétersbourg et sur le site du magasin de luxe russe boutique.ru, où l’on trouve même ma collection de fin d’études. Nous sommes en pourparlers avec des magasins de Moscou. Les boutiques sont intéressées et nous sommes invités aux Semaines de la mode, ce qui me donne confiance.

Si je suis de nouveau invité à Moscou l’année prochaine, je reviendrai.

A votre avis, qu’est-ce qui manque à la mode russe ?

Le contact avec le monde extérieur, peut-être. Aujourd’hui, tout se passe très vite, il faut davantage communiquer, échanger les idées, être sensible aux influences, mais aussi savoir donner.

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