Le 23 février : « La Journée de l’homme » ?

Le 23 février, dans de nombreuses villes du pays, des cortèges solennels, des parades et des concerts ont lieu, et à Moscou, en l’honneur de cette fête, on donne chaque année une salve festive. Crédit : Itar-Tass

Le 23 février, dans de nombreuses villes du pays, des cortèges solennels, des parades et des concerts ont lieu, et à Moscou, en l’honneur de cette fête, on donne chaque année une salve festive. Crédit : Itar-Tass

En Russie, le 23 février, une bonne moitié des hommes a le droit de recevoir de la part des femmes des félicitations et des cadeaux: ce jour là, on fête dans le pays la Journée du défenseur de la Patrie. Cependant, on peut compter sur l’attention du côté du beau sexe, même s’il n’est pas directement lié aux forces armées : officieusement, on considère le 23 février comme le jour de tous les hommes.

A la différence de la Journée internationale de la femme qui est venue en Russie après son instauration à l’Ouest, la Journée du défenseur de la Patrie est une invention complètement russe. Du reste, jusqu’à lors, on n’a pas la moindre idée de pourquoi la date de cette fête a été choisie précisément le 23 février.

Selon le point de vue officiel établi par l’Union Soviétique dans les années 20, c’est en ce jour que les troupes de l’Armée Rouge infligèrent à l’armée allemande une défaite à Pskov et Narva.

Cependant, par la suite, après une étude minutieuse des documents de cette époque, les historiens ont réfuté cette hypothèse : selon les données des archives, le 23 février les Allemands se trouvaient à 55km de Pskov et à 170km de Narva, et ni les archives allemandes ou russes n’ont de références à des combats ce jour là.

Pourtant, pendant presque vingt ans, ce mythe a réussi à survivre, et durant les années de la Grande guerre Patriotique, le 23 février a largement été fêté comme le jour des premières victoires de l’Armée Rouge sur les Allemands.

Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, la date de la fête n’a pas changé, même si on a changé quelques fois son nom. Jusqu’en 1954, en Union Soviétique, on fêtait la Journée de l’Armée Rouge, puis de 1954 jusqu’à 1993, la fête s’est officiellement appelée la Journée de l’Armée Rouge et de la Flotte militaire. Après cela, on l’a renommée la Journée de l’armée russe, et enfin, il y a deux ans, la Journée du défenseur de la Patrie.

Malgré le fait qu’initialement cette fête n’avait aucun lien avec la Journée internationale de la femme, au fil du temps, le 23 février s’est transformé en la « fête de tous les hommes », le pendant du 8 mars qui traditionnellement est très largement célébré en Russie.

Une très grande majorité de la population masculine russe ne connaît même pas l’existence de la Journée Internationale de l’homme qui se fête le 9 novembre : dans la Russie contemporaine, la place de cette fête est occupée par la Journée du défenseur de la Patrie et les Russes la fêtent indépendamment du fait que les hommes aient effectivement défendu la Patrie ou non.

D’ailleurs, les festivités officielles du 23 février sont restées dans le style militaire. Dans de nombreuses villes du pays, des cortèges solennels, des parades et des concerts ont lieu en ce jour, et à Moscou, en l’honneur de cette fête, on donne chaque année une salve festive.

Comme pour le 8 mars, il existe en Russie la tradition de donner des cadeaux aux « héros de la fête » le 23 février. Mais, malgré le fait que selon les enquêtes la majorité des hommes désireraient recevoir ce jour-là quelque chose d’utile et de créateur comme un assortiment d’aromatiseurs originaux pour l’automobile, les cadeaux les plus populaires d’année en année restent les chaussettes et les cosmétiques pour la douche et le rasage.

C’est pour cela que l’officieuse fête de tous les hommes a un nom officieux : la « Journée de la mousse à raser ». Ces derniers temps, quelques hommes ont aussi commencé à mener des actions de protestation : à l’approche de la fête, ils s’achètent eux-mêmes des cosmétiques pour le rasage en essayant ainsi de placer leurs femmes dans une impasse.  

Après la chute de l’Union Soviétique, quelques anciennes républiques soviétiques ont refusé de célébrer le 23 février. Maintenant on célèbre cette fête seulement en Russie, en Biélorussie, en Ukraine et au Kirghizstan.

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