Des bougies et des fleurs devant l'ambassade de France à Moscou.
Pavel KochkineUne énorme pile de fleurs, de bougies et d’icônes sont disposés avec soin près de l’ambassade de France à Moscou. L’ensemble est impressionnant, de sept à dix mètres de longueur et quatre à cinq mètres de largeur. La file humaine de cent mètres de long débute dès la sortie du métro Oktiabrskaya, près de l’ambassade de France.
Les Moscovites se rendent à l’ambassade depuis minuit après les attaques terroristes du 13 novembre à Paris. Ils apportent non seulement des fleurs, des bougies et des icônes, mais aussi des affiches faites à la main. « Pray for France » (Prions pour la France), « Stop the War » (Non à la guerre), « Je suis Paris », « Be strong Paris, Russia will always be near you » (Sois fort, Paris, la Russia sera toujours près de toi), disent-elles en trois langues : français, anglais et russe.
Comme de nombreux Russes, Vladimir, 45 ans, économiste, a été bouleversé par les attaques terroristes de Paris. « Je me suis senti perdu », dit-il. « Je ne sais pas pourquoi ce genre de choses arrive. Les évènements de Paris sont la continuation de toutes ces tragédies ». Cependant, il essaye de ne pas montrer de signe de peur ni de panique, « simplement car on essaye de ne pas y penser » au quotidien.
« Je suis juste venu pour me tenir avec les gens de bien qui n’ont pas hésité à venir montrer leur solidarité et faire acte de civisme », dit-il. « Je suis très heureux que des gens en Russie soient venus ici pour montrer leur soutien [à la France et à l’Europe], car je ne suis pas optimiste sur la Russie et sa société ».
Interrogé sur la possibilité que les attaques terroristes de Paris rapprochent la Russie et l’occident dans leur lutte mondiale contre le terrorisme, il se montre sceptique, car « l’hypocrisie » et l’intransigeance des autorités russes, ainsi que leur rhétorique anti-occidentale ne permettront pas le genre de coopération qui avait pu émerger après les attentats du 11 septembre 2001 à New York.
« Alors que je venais ici, j’ai senti un profond sentiment de compassion pour les victimes de [l’attaque à Paris], même si je ne les connais pas », déclare Ivan, 28 ans. « Personne n’a le droit de prendre la vie d’un autre, surtout de façon aussi lâche. Je ne sais pas comment combattre cela. Ces attaques se produisent dans le monde entier, et je ne peux pas me sentir entièrement en sécurité. Qui sait ce qui pourrait se produire. Aujourd’hui nous marchons et respirons, mais demain nous pouvons tout perdre ».
Crédit : Pavel Kochkine
Même si les autorités russes vont renforcer les contrôles de sécurité dans tout le pays, y compris dans les transports en commun, Ivan doute que cela résolve le problème de la menace terroriste, car « il est impossible de surveiller les énormes flux de personnes » entrant et sortant du pays.
Un ami d’Ivan, Maxim, 29 ans, préfère approuver la voix des nombreux experts qui appellent à une régulation renforcée des flux de réfugiés. Il affirme que cette attaque était prévisible, car la France a offert l’asile à de nombreux syriens qui auraient pu avoir été recrutés par les terroristes. C’est pourquoi les autorités devraient « en premier lieu contrôler le flux de réfugiés ».
« De telles attaques sont inévitables [en Russie] et nous devrons y résister », affirme Vadim Soloviev, leader du groupe de sauvetage Digger-Spas, un centre indépendant qui collabore avec le ministère russe des Situations d’Urgence. Il est aussi venu porter des fleurs à l’ambassade de France pour soutenir le peuple français.
« Chaque meurtre, à plus fort raison une attaque terroriste à grande échelle, nous laisse un profond sentiment de tristesse, nous le subissons comme si c’était le nôtre », a-t-il déclaré.
« C’est pour cela que nous comprenons clairement que ceci [l’attentat] pourrait se produite n’importe quand et n’importe où sur la planète. Nous devons être prudents et vigilants, car l’état d’alerte ne sera pas toujours maximal, et il est impossible de prévoir tous les scénarios. Nous devons lutter tous ensemble contre ce fléau. Nous ne devons pas nous diviser sur des questions politiques, mais nous devons comprendre de toute notre âme et tout notre cœur que nous avons un ennemi commun qui doit être détruit ».
Amélie, 20 ans, étudiante française à l’université d’Etat de Moscou Lomonossov, est aussi venue à l’ambassade de France. Quand elle a entendu parler des attentats, elle a annulé son billet d’avion et changé ses plans de voyage.
« J’ai entendu les nouvelles le matin et j’étais sous le choc », dit-elle. « Même si je me sens en sécurité en France et en Russie en général, je suis mal à l’aise en avion. Avant les attentats en France, je voulais acheter des billets d’avion, mais j’ai changé d’avis après ».
Texte original publié sur le site de Russia Direct
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