FireChat : la « messagerie des révolutions » fait peau neuve

Reuters
Les développeurs de FireChat, devenu populaire suite aux manifestations en Irak et à Hong Kong, ont présenté une nouvelle version. Imaginée par le Russe Stanislav Chalounov, l’application permet aux utilisateurs de communiquer via une discussion publique, mais aussi d’échanger des messages personnels sans être connectés au réseau.

Cette année, le nombre d’utilisateurs de la messagerie FireChat conçue par Open Garden a franchi la barre des 5 millions de personnes. Les ambitieux développeurs projettent de porter ce nombre à 5 milliards. Auparavant, l’application permettait d’échanger via des discussions de groupe ouvertes à tous. Désormais, la nouvelle version de FireChat permet également d’échanger des messages personnels.

Avant de lancer le service de messagerie personnelle « hors ligne », les développeurs ont dû résoudre de nombreux problèmes, tels que le cryptage et l’utilisation de l’application sur différents systèmes d’exploitation. Tous les messages personnels échangés sur FireChat sont cryptés et ne peuvent être lus que par l’expéditeur et le destinataire.

« Oubliez les SMS et l’IM [messagerie instantanée, ndlr], nous entrons dans l’ère des réseaux peer to peer », explique Micha Benolil, co-fondateur et PDG d’Open Garden.  « Notre invention conduit à la prochaine étape de développement d’Internet : les réseaux créés par les gens et pour les gens ».

À 60 mètres maximum

La messagerie, qui permet d’échanger « hors ligne », c’est-à-dire sans être connecté à Internet ni au réseau cellulaire, est devenue populaire grâce aux manifestations.

Les habitants de Taiwan ont été les premiers à apprécier FireChat lors des manifestations contre la signature d’un accord commercial avec la Chine en mars 2014. L’application a ensuite connu son essor en Irak, où les pouvoirs coupent l’accès aux réseaux sociaux sur fond d’intensification des mouvements islamistes radicaux.

Mais c’est lors des manifestations de Hong Kong en septembre 2014 que l’application a connu le plus grand regain de popularité. À cette période, la messagerie est passée dans la catégorie « 500 000 à 1 million » de téléchargements sur la boutique Google Play pour Android. L’augmentation de la base d’utilisateurs de FireChat a été favorisée par les manifestations de Moscou et les interruptions du réseau suite à l’attaque contre Charlie Hebdo à Paris.

Actuellement, les développeurs cherchent à se débarrasser de l’image de « messagerie des révolutions ». « Certes, FireChat est devenu populaire grâce aux différents mouvements de contestation à travers le monde. Mais mon objectif est de nous débarrasser de cette connotation révolutionnaire », nous a expliqué Anton Merkoulov, porte-parole d’Open Garden à Moscou.

Pour communiquer via FireChat, les utilisateurs doivent se trouver à 60 mètres de distance maximum. Ainsi, ils créent un réseau mesh peer-to-peer, c’est-à-dire leur propre système de connexion. Au sein de ce système, les messages sont envoyés d’un utilisateur à un autre. FireChat permet d’échanger des messages textuels et des photos. À l’avenir, les développeurs espèrent intégrer la possibilité d’envoyer des messages vocaux et des vidéos.

Concurrent ou salut des opérateurs mobiles ?

Actuellement, Open Garden mise sur le développement de l’usage quotidien de FireChat. Les Etats-Unis, Hong Kong, l’Inde et la Russie sont les quatre pays où l’application connaît sa plus grande popularité. Anton Merkoulov précise que les pays en voie de développement confrontés à une couverture réseau instable manifestent le plus grand intérêt pour FireChat.

Open Garden ne s’estime pas être en concurrence avec les opérateurs mobiles. « Au contraire, nous sommes le salut des opérateurs mobiles, car nous contribuons à la hausse du nombre de propriétaires de smartphones », estime Merkoulov.

Pour les experts, la sécurité présente l’un des inconvénients majeurs de FireChat. Ainsi, lors de la conférence Slush en novembre 2014, l’expert finlandais Mikko Hypponen, qui travaille pour F-Secure Corporation, a annoncé que certains messages échangés lors des insurrections à Hong Kong avaient été envoyés par le gouvernement chinois dans le but d’identifier les organisateurs.   

Toutefois, les développeurs précisent que l’inscription ne nécessite pas de données permettant d’identifier l’abonné. En outre, FireChat intègre un algorithme permettant de contrôler les intrusions techniques dans le système, notamment l’envoi des spams. Open Garden a déjà présenté le prototype du serveur personnel GreenStone. De la taille d’un porte-clefs, il permet de conserver et de transmettre les messages via FireChat. Il sécurise encore mieux le fonctionnement de la messagerie, indiquent les développeurs.  

Qui a inventé FireChat ?

FireChat a été imaginé par Stanislav Chalounov, diplômé de la faculté de mécanique et de mathématique de l’Université d’État de Moscou, en 2001. Mais il n’a pu commencer à réaliser son idée qu’avec l’essor de Bluetooth, un service qui reste toujours allumé et qui peut communiquer sur plusieurs ondes radio. En 2011, Stanislav a créé Open Garden à San Francisco, en collaboration avec Micha Benolil, le programmeur à l’origine de la monétisation de Skype (appels via la plateforme Digitrad VoIP), Greg Hazel, chargé du développement du client Utorrent chez BitTorrent, et l’architecte système Taylor Ongaro. Le capital de la société au démarrage, 100 000 dollars, a été apporté par Benolil.

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