Sommet annuel des BRICS
Mikhaïl Klimentiev/RIA NovostiMoscou s’est fixé des objectifs très ambitieux pour le 7ème sommet des BRICS, qui accueillera les chefs d’État de la Chine, de l’Afrique du Sud, du Brésil et de l’Inde les 8 et 9 juillet prochain à Oufa, dans l’Oural. La Russie table sur la création d’une banque de développement et d’un fonds commun de réserves de change, comme alternatives respectivement à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).
La mise en place de ces institutions financières est appelée à donner une nouvelle dynamique à l’association entre les cinq États.
Un accord sur la création du fonds commun de réserves de change des BRICS a été signé au Brésil lors du sommet précédent. Son capital de base devrait s’élever à 88 milliards d’euros. Les pays des BRICS contribueront selon leur taille : la Chine à hauteur de 36,3 milliards d’euros, la Russie, le Brésil et l’Inde de 15,8 milliards et l’Afrique du Sud de 4,3 milliards. Le fonds fonctionnera comme une caisse d’entraide.
« L’accord-cadre de création du fonds ne comporte pas d’obligations directes ; les engagements financiers deviendront indispensables lorsque les banques centrales des pays membres signeront un accord de compensation », déclare Valery Abramov, de l’Académie présidentielle russe d’économie nationale et d’administration publique (RANKhiGS).
Pour Alissen Alissenov, autre expert du RANKhiGS, la Russie a un intérêt tout particulier à la création du fonds, car les sociétés russes sont touchées par les sanctions financières prises par l’Occident contre la Russie, et de facto coupées du système financier mondial.
Le second projet des BRICS est la Nouvelle banque de développement, qui offrira des prêts permettant d’investir dans toute une série de projets institutionnels ou d’infrastructures dans d’autres pays.
Durant la première phase de développement, le capital de la banque s’élèvera à 8,8 milliards d’euros. Son siège sera en Chine, et son premier dirigeant sera un représentant indien.
Début mai, le vice-ministre des Finances russe, Sergueï Storchak, a proposé que la Grèce devienne l’un des premiers pays à bénéficier de l’aide de la banque des BRICS. La dette totale de ce pays européen s’élève à 313 milliards d’euros, soit 177% de son PIB.
« L’établissement d’un équivalent du FMI basé sur des contributions par les pays des BRICS est l’une des nombreuses étapes vers une ‘dé-dollarisation’ progressive de l’économie mondiale », affirme Anton Soroko, analyste chez Finam Investment Holding.
L’orientation principale prévue pour ses activités est le financement de projets d’infrastructures à long terme.
Bien que les décisions définitives concernant l’établissement de ces nouvelles organisations soient attendues à Oufa, certains experts affirment que les BRICS ont plusieurs défis à relever pour parvenir à monter un club mondial alternatif. Il s’agit en particulier de la concurrence de la Banque asiatique d’investissement infrastructurel (AIIB), créée par la Chine. « L’AIIB remplit en effet un rôle similaire », confirme M. Soroko.
Pour Alexeï Kozlov, analyste en chef de la société d’investissement UFS, la plus forte concurrence qui pèse tant sur la Banque de développement des BRICS que l’AIIB reste celle des organismes d’investissement occidentaux, dont les objectifs et les fonctions sont identiques.
Autre problème : la croissance de certains membres des BRICS est en deçà du rythme des années précédentes. Selon l’agence Moody’s, seules la Chine et l’Inde sont parvenues à maintenir cet indice à 7%, alors que la Russie et le Brésil se préparent à une récession, l’analyste Jim O’Neill, inventeur de l’acronyme BRICS, allant jusqu’à estimer que la crise actuelle pourrait bien pousser les deux pays hors du groupe.
Mais selon Alexeï Kozlov, d’autres facteurs existent, qui maintiendront la cohésion du club. « Les BRICS ont évolué d’un groupe de pays liés uniquement par leur taux de croissance économique à une union géopolitique, une force géopolitique », conclut l’analyste.
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